Le sort du Front de libération nationale (FLN) ne semble pas faire l'unanimité au sein du Pouvoir. L'option de la « mise au placard » du doyen des partis, avancée comme un moyen pour mettre un terme au « désordre » généré par la bataille pour le contrôle de son appareil, lors de la dernière présidentielle, vient de faire l'objet d'un rejet catégorique de la part d'une partie de la famille révolutionnaire. Celle-ci assimile la tentation de ranger le FLN dans la vitrine de l'histoire à un « acte de trahison ». Le camp des partisans d'un sauvetage du FLN se compose, pour le moment, de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) et de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit (ONVTAD). Ces trois organisations ont dénoncé, dans un communiqué rendu public à la veille de la célébration du double anniversaire du 20 Août 1955 et du 20 Août 1956, « ceux qui veulent mettre le FLN dans un musée pour consacrer la culture de l'oubli ». Les défenseurs du FLN n'identifient pas nommément les parties auxquelles s'adressent leurs graves accusations. Le timing retenu pour leur sortie (l'anniversaire du 20 Août) et l'intensité de leur réaction rendent compte toutefois de la détermination de ces trois organisations à ne pas rester les bras croisés face à l'agonie du doyen des partis. Et la sortie des enfants de chouhada s'assimile, pour le moins, à une déclaration de guerre adressée à tous ceux qui sont favorables à « la restitution du FLN à l'histoire ». Les tirs groupés de ces organisations - formant désormais une alliance pour « soutenir le processus de réconciliation nationale et concrétiser le programme du président de la République » - ne visent pas uniquement ceux qui veulent conférer au FLN le statut de « patrimoine national ». Ils ont aussi pour objectif de stigmatiser l'absence d'initiatives pour permettre au FLN de transcender sa crise. De qui, en particulier, était-il attendu un geste ? De l'Etat auquel il a été confondu pendant des décennies ou des « frontistes » ? Aucune indication n'est fournie à ce sujet. La CNEC et ses partenaires se contenteront seulement d'appeler à déployer, sans préciser à qui cela doit incomber, davantage d'efforts pour la réussite du 8e congrès du FLN pour « que le parti retrouve sa place d'avant-garde ». En attendant que se manifestent les bonnes volontés pour tirer d'affaire définitivement le FLN, ils ont présenté Abdelaziz Belkhadem comme un gage de réussite du 8e congrès du parti. Le vote prononcé par cette frange de la famille révolutionnaire en faveur du ministre des Affaires étrangères semble déjà avoir pour finalité d'inviter poliment les « redresseurs contestataires » à rentrer dans les rangs et à aider le FLN à entrevoir le bout du tunnel. En tout état de cause, le sérieux avec lequel seront pris les rappels à l'ordre adressés aux uns et aux autres par la CNEC et ses partenaires devrait être déjà révélateur du poids de chacun sur l'échiquier politique.