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De la légitimité historique à la légitimité républicaine
DU FLN AU FLN
Publié dans L'Expression le 08 - 01 - 2008

Dans l'imaginaire populaire, le FLN plus qu'un parti, est d'abord et surtout une institution dont la légitimité historique est liée à la guerre de Libération.
En 2008, le vieux parti est un puzzle qui n'est pas loin de représenter la quadrature du cercle. Le parti de la Révolution du 1er Novembre 1954 n'en finit pas de susciter des interrogations. On estime qu'il suffit de sortir le nom ‘'FLN'' pour avoir tout dit. Est-ce aussi évident que cela? Certes pas!
Entre le FLN qui mena la guerre de Libération, celui qui dirigea -à la sombre époque du parti unique- d'une main de fer le pays durant trois décennies, et le FLN contraint aujourd'hui de composer avec son environnement politique, marqué par le multipartisme, c'est toute l'évolution du mouvement de libération mué en parti politique qui apparaît en filigrane.
Les pesanteurs, les luttes de pouvoir n'ont pas donné au FLN, soit de se défaire du sigle glorieux au profit de l'Histoire du mouvement national, soit de se transformer en véritable parti politique apte à guider la nation et à mener la bataille du développement.
La question du transfert du sigle à l'Histoire demeure en suspens alors que beaucoup reste à faire pour affirmer que le pays a effectivement décollé. En réalité, le FLN qui a honoré son contrat de libérer l'Algérie, avait achevé sa mission le jour de l'indépendance effective du pays et la proclamation de l'Etat algérien. Cela, d'autant plus, qu'après les sombres et sanglants événements de l'été 1962, qui ont précédé et suivi l'indépendance de l'Algérie, le FLN en tant que mouvement populaire s'est, en fait, désagrégé sous les coups de boutoir conjugués des luttes féroces pour le pouvoir et des règlements de compte entre les anciens compagnons de la libération.
Le noeud gordien de la problématique du FLN est que, près de 54 ans après la Révolution de Novembre 54, d'aucuns persistent à s'accrocher à une légitimité historique -ou révolutionnaire- qui n'a plus lieu d'être.
En effet, les fondateurs du FLN (ils ne sont plus, semble-t-il, que trois ou quatre survivants du fameux groupe des 21 qui fondèrent le CRUA qui donna naissance au FLN) de même qu'une large majorité de la génération de la guerre de Libération ont, aujourd'hui, disparu. Dès lors, la légitimité historique ne se justifie plus et la légitimation du pouvoir ne peut être que le passage obligé par le scrutin et le suffrage universel. Cette ambivalence est marquée par les crises cycliques qui secouent le vieux parti, d'où les questions que se posent de plus en plus les cercles politiques et les observateurs sur le devenir du FLN. D'aucuns ont noté d'autre part, le décalage du FLN par rapport aux réalités du pays.
De fait, le groupe de Abderrezak Bouhara pose de nouveau, avec insistance, la problématique de la «rénovation» du parti, question qui était déjà à l'ordre du jour à l'éphémère ère d'Ali Benflis. Mais la question nodale est en réalité celle-ci: le FLN peut-il être changé? Changé en ce sens où il (re)devient ce parti qui a su mobiliser les Algériens pour se battre pour l'Indépendance en les conduisant vers un autre combat tout aussi titanesque, celui du développement et de la construction de la démocratie.
La question se pose d'autant plus que le FLN ne s'est pas fait connaître ces dernières décennies par ses luttes pour les libertés. Aussi, est-il attendu du FLN un authentique recentrage par la prise en compte des doléances de la société, singulièrement en s'associant aux batailles pour les libertés individuelles et collectives, pour la consolidation de la liberté d'expression, fondements de la démocratie et de la bonne gouvernance.
En fait, le FLN «rénové» ou non a encore et toujours à prouver qu'il est un parti politique, au sens universel du terme, et non seulement l'appendice de clans qui en ont fait le tremplin pour l'accès au pouvoir.
La question se pose d'autant plus que l'on ne sait pas qui est le vrai «maître» du vieux parti. Au lendemain de l'arrêté gelant les activités du parti de la Révolution, M.Belkhadem, actuel secrétaire général du FLN, avait appelé à un congrès rassembleur, affirmant notamment que les décisions qui seront prises par cette assemblée seraient souveraines. Ainsi, les décisions du 8e congrès -souverain au regard des textes de loi- n'étaient plus légitimes dès lors qu'elles allaient à l'encontre des attentes et ambitions de «pouvoirs occultes».
Aussi, depuis l'indépendance, le FLN traîne comme un boulet son incapacité à être un parti ordinaire où la compétence et l'intégrité prennent le pas sur toute autre considération. On peut même estimer qu'au FLN la crise est et reste un problème d'hommes qui se pose et s'est posé dès lors que la question du pouvoir a mis à l'épreuve la cohésion du parti. Un problème de leadership qui sera en réalité le noeud gordien du pouvoir politique en Algérie.
Depuis l'indépendance en fait, l'Algérie n'était, tout au plus, qu'une sorte de république «bananière», où les clans menaient la partie, et la tribu, le critère pour accéder aux postes de responsabilité. Les années de plomb résument bien ce postulat. La crise du FLN où le fossé entre les «courants» n'en finit pas de se creuser est avant tout une crise de régime.
En fait, le système qui gouverne l'Algérie depuis l'Indépendance s'essouffle et a montré ses limites, étalant au grand jour son incapacité à se renouveler et aussi à se régénérer. Cette régénération doit être, selon M.Bouhara, une «évolution du système» plutôt qu'une rupture. C'est pourtant là le point fondamental de la crise du FLN que M.Bouhara ne nie pas d'ailleurs, proposant même des axes de réflexion pour dépasser le malaise et remettre le parti sur les bons rails. En fait, il serait vain de vouloir comprendre la crise qui secoue le vieux parti sans la replacer dans le contexte des luttes d'apparatchiks pour la conservation ou l'accès au pouvoir. Pouvoir au carrefour duquel se trouve le FLN longtemps appareil de propagande et puis machine électorale, sans que jamais il n'ait été un parti politique avec tout ce que cela implique. Ce qui fait que pratiquement, le FLN post-indépendance n'a pas su, surtout pu, se remettre en question.
Le FLN se devait, avec l'avènement du multipartisme, de se restructurer en parti politique au plein sens du terme. Ce qui, à l'évidence, n'a pas été le cas. C'est cette problématique que met en exergue le groupe de M.Bouhara qui veut redonner au FLN sa raison d'être et sa qualité de parti d'avant-garde. Tout un programme!


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