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Laborieuse décantation politique en Libye
Alors que la déroute militaire de l'EI se précise sur le terrain
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2016

Les nouvelles en provenance de Syrte annoncent que les forces de l'opération «Bloc soudé», relevant du gouvernement de réconciliation nationale de Fayez El Sarraj, sont en dernière phase de reprise de la ville natale d'El Gueddafi.
Daech est à la dérive à Syrte et Benghazi. Le Conseil du gouvernement libyen est en réunion à Tunis pour trouver une issue à la réconciliation. Américains, Italiens et Français font de la pression pour réconcilier Haftar avec l'Ouest libyen. Les belligérants libyens sont revenus depuis vla semaine dernière à la même table de négociations, qu'ils ont quittée il y a deux ans durant lesquels ils se sont livrés à une guerre civile dévastatrice et meurtrière, notamment à Benghazi, Derna et Syrte.
Les batailles ont opposé durant plusieurs mois les groupes militaires, aiguillés par les Frères musulmans de Misrata et la Jamaâ moukatila de Abdelhakim Belhaj, d'un côté, et les nationalistes libéraux de Benghazi et Zentane, de l'autre. Tout le monde se rappelle la bataille de l'aéroport de Tripoli en 2014. Daech a exploité cette guerre fratricide pour essayer de s'emparer de Benghazi et Syrte. Les Frères musulmans de Misrata ont fini par comprendre que leur alliance avec Daech au sein de Fajr Libya n'est pas fructueuse pour eux, encore moins pour la Libye.
Misrata a donc livré la guerre pour reprendre Syrte, comme l'ont fait les nationalistes libéraux à Benghazi, une année plus tôt. «Sans oublier que Misrata a régulièrement livré des armes pour soutenir Daech et ses alliés à Benghazi. La bataille de Benghazi était celle de Fajr Libya, dirigée par Misrata, contre Al Karama, dirigée par Haftar», relève le politologue libyen Ezzeddine Aguil. Aujourd'hui, la situation s'est décantée un peu suite au flou ayant suivi la chute d'El Gueddafi. Daech et les extrémistes religieux éliminés de la première ligne, les autres composantes de la scène politique sont appelées à s'entendre, poursuit le politologue.
Danger permanent
Les nouvelles en provenance de Syrte annoncent, certes, que les forces de l'opération «Bloc soudé», relevant du gouvernement de réconciliation nationale de Fayez El Sarraj, sont en dernière phase de reprise de la ville natale d'El Gueddafi, tombée sous le contrôle de Daech depuis juin 2015. Le porte-parole de l'opération «Bloc soudé», Mohamed Ghasri, a affirmé hier aux médias que «la présence de Daech s'est réduite à un petit carré dans le quartier Trois et quelques zones périphériques de la ville», en précisant toutefois que «leur danger est matérialisé, surtout, par leurs snipers, les mines qu'ils ont semées dans les artères de la ville, ainsi que les suicidaires qui peuvent surgir un peu partout à Syrte». Daech avait près de 1500 miliciens à Syrte, selon les estimations. Ses morts et prisonniers n'atteignent pas les 200.
Une grande interrogation plane sur le sort des autres terroristes qui constituent un danger permanent comme kamikazes potentiels.
La situation est similaire dans la ville de Benghazi. Les forces de l'armée libyenne du général Haftar encerclent les éléments de Daech et ses alliés dans un petit réduit dans la cité El Gaouarcha, à 15 km à l'ouest de la ville, et au quartier Sabri de l'ancienne ville de Benghazi. Daech a tout perdu militairement, mais la présence de mines et les risques de suicidaires font que l'armée de Haftar est prudente et essaie de prendre les terroristes de Daech par l'usure.
Des négociations sont en cours pour la reddition de ces terroristes. Les forces du général Haftar insistent sur l'arrestation de toutes les personnes en âge de prendre les armes (entre 15 et 65 ans), se retrouvant dans la zone encerclée, contrôlée par les terroristes. Un ratissage systématique est pratiqué dans le reste de l'Est libyen sous l'autorité militaire du général Abderrazek Nadhouri, qui a nommé des militaires à la tête des mairies d'Ajdabya, Benghazi et Kofra, pour parer aux risques des kamikazes.
Réconciliation
L'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, essaie désespérément de trouver un terrain d'entente entre les Libyens. Mais, comme les forces de Misrata et l'armée du général Haftar se divisent l'autorité sur la Libye, c'est la loi du terrain qui prime. Les gens de Misrata sont soutenus par les Turcs et les Qataris. Haftar est soutenu par l'Egypte, la Jordanie et les Emirats.
Les dernières révélations ont montré que les deux bords sont soutenus par les services spéciaux français, italiens, britanniques et américains. «L'ONU a essayé d'imposer le gouvernement El Sarraj, plutôt favorable à Misrata. Mais, la situation sur le terrain a montré que le général Haftar est incontournable. Aujourd'hui, Italiens, Américains et Français font pression sur El Sarraj pour composer avec Haftar. La situation à l'Est est même plus contrôlée que celle à l'Ouest», souligne l'ex-président du conseil de Benghazi, Jamel Bennour.
De son côté, l'Egypte est parvenue à réunir, il y a deux semaines, Fayez El Sarraj et le président du Parlement, Salah Akila, en vue de faciliter la réconciliation nationale libyenne. Mais, comme ce qui a été constaté dans les négociations de Tunis, la question de la place de Haftar dans la hiérarchie militaire continue à poser problème. Le Parlement le considère comme chef d'état-major de l'armée libyenne et insiste sur le fait que c'est le Parlement qui nomme le commandement de l'armée. El Sarraj veut que ce soit le gouvernement qui décide de l'octroi de cette autorité. Le dénouement du scénario libyen ne se limite pas au sort de Daech. L'islam politique continue à poser un véritable problème.


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