La décision de réduire la production de 1,2 million de barils par jour prise par l'Opep lors de sa réunion de Doha, au Qatar, a semble-t-il porté ses fruits puisque les cours se sont stabilisés autour des 60 dollars le baril. L'annonce il y a plusieurs semaines d'un consensus pour une baisse d'un million de barils par jour n'avait pas suffi à l'Opep pour montrer sa détermination à diminuer l'offre de pétrole sur le marché, tandis que les contradictions étalées au grand jour sur les modalités de la réduction ont fini par faire douter le marché sur les intentions véritables de l'organisation et sa cohésion. Dans les coulisses, si plusieurs pays avaient appuyé la tenue d'une réunion pour officialiser la réduction et l'annoncer d'une manière solennelle, le bruit a couru que le Nigeria s'opposait à une réunion à Vienne de peur que la réunion prévue à Abuja soit reléguée au second plan et que le pays organisateur ne tire pas de dividendes sur le plan diplomatique de la présence des représentants des pays de l'Opep au Nigeria. Après le forcing fait par l'Algérie, l'Arabie Saoudite, la Libye et le Venezuela, le principe de la réunion a été admis sauf que les hôtels à Vienne affichaient complets. L'urgence face à un marché qui ne prenait plus au sérieux les déclarations des ministres du Pétrole des pays membres de l'Opep a amené le Qatar à se proposer pour l'organisation d'une réunion urgente dans la période proposée au départ, soit vers le 20 octobre. Pour signifier leur détermination à réguler l'offre de pétrole, la proposition d'une réduction d'un million de barils par jour a été révisée à la hausse de 20% avec une réduction de 1,2 million de barils par jour et l'effet de l'action a été porté sur la production réelle qui était déjà en dessous du plafond de production de production de 28 millions par jour. L'exposé des motifs tel que présenté dans le communiqué officiel qui a sanctionné la réunion fait référence au succès de l'Opep qui a assuré un bon approvisionnement du marché ces dernières années et une stabilité à l'avantage des producteurs et des consommateurs avant de constater que les approvisionnements actuels sont au-dessus de la demande réelle. Ce constat est étayé par le niveau important des stocks des pays de l'OCDE. Cette surabondance de l'offre déstabilise le marché selon l'Opep et c'est ce qui explique la décision de réduction de la production de 1,2 million de barils par jour en la faisant passer de 27,5 à 26,3 millions de barils par jour à partir du 1er novembre 2006. Toutefois, cette décision peut revue lors de la prochaine réunion extraordinaire de l'Opep prévue le 14 décembre prochain à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Le secrétariat de l'organisation a reçu la mission de surveiller le marché durant la période qui sépare la mise en oeuvre de la décision de réduction de la tenue de la prochaine réunion. Pour montrer sa volonté d'agir et faire reculer le manque de crédibilité qui a marqué la période qui a précédé la réunion de Doha les 19 et 20 octobre et le scepticisme qui a suivi la réunion, les pays membres de l'Opep sont en train d'annoncer à tour de rôle leur décision de mettre en pratique la réduction au niveau national. Jeudi passé, la Libye et le Koweït ont annoncé qu'ils allaient mettre à exécution au début du mois de novembre la réduction de leur production dont la quote-part avait été fixée à 72.000 b/j pour la Libye et 100.000 b/j pour le Koweït lors la réunion de Doha. Le marché est resté très volatil durant la semaine passée avec néanmoins une hausse qui a rapproché le prix du baril des 62 dollars en raison notamment d'une baisse des stocks hebdomadaires des produits pétroliers aux Etats-Unis. Les baisses assez importantes de 3,3 millions de barils des stocks de pétrole brut, des réserves d'essence de 2,8 millions de barils par jour et de 1,4 million de barils par jour des produits distillés ont fait gagner au prix plus de deux dollars. Mais la reprise de la production sur une plateforme pétrolière en Norvège qui avait été fermée au début du mois d'octobre et la fin de l'occupation d'une station de pompage au Nigeria ont rétabli l'équilibre avec un recul de près de deux dollars pour le baril. Vendredi passé, les prix se stabilisaient dans l'après-midi avec un prix du baril situé autour de 60 dollars. Vers 16h30 GMT, le light sweet crude à New York était à 60,55 dollars le baril, tandis que le brent à Londres était à 60,78 dollars.