L'Opep a décidé de réduire encore sa production pour la deuxième fois en l'espace de deux mois. Lors d'une réunion extraordinaire tenue à Abuja, au Nigeria, jeudi dernier, les pays membres de l'organisation ont décidé une réduction de leur production de 500 000 barils par jour, qui vient s'ajouter à la réduction de 1,2 million de barils par jour décidée lors de la réunion des 19 et 20 octobre dernier à Doha, au Qatar. Toutefois, la réduction décidée jeudi dernier ne sera effective qu'à partir du 1er février 2007. L'Opep a semblé répondre aux préoccupations des grands pays consommateurs et de l'Agence internationale de l'énergie qui lui ont demandé publiquement de ne pas opérer une nouvelle coupe avant la fin de l'hiver. D'un autre côté, il était difficile de concevoir une nouvelle réduction applicable rapidement alors que la réduction de 1,2 million de barils par jour n'a pas été mise en œuvre en totalité. En effet, selon certaines sources, la réduction n'a été appliquée jusqu'à présent qu'aux deux tiers. Mais selon le directeur de recherche de l'Opep, la réduction a connu un application estimée entre 80 et 85%, soit environ 1 million de barils par jour. En décidant de réduire encore sa production en l'espace de deux mois, l'Opep a voulu anticiper sur ce qui va se passer durant l'année 2007. L'année prochaine, l'augmentation de la production en provenance des pays producteurs non membres de l'Opep est estimée à 1,8 million de barils par jour. Alors que d'un autre côté, l'augmentation de la demande mondiale ne sera que de 1,3 million de barils par jour. Si le marché est déjà surapprovisionné maintenant, il le sera encore plus durant l'année 2007 avec un risque d'une chute des prix assez marquée. L'entrée en application de le deuxième réduction se fera à la veille du deuxième trimestre 2007 pour prévenir la baisse de la demande assez marquée à la veille du printemps et la fin de l'hiver. Le début d'application de la réduction de 1,2 million de barils par jour a déjà donné des résultats puisque les prix du pétrole se sont stabilisés au-dessus des 60 dollars le baril. La deuxième réduction est conçue pour maintenir ce niveau des prix qui semble être recherché par l'Opep. En plus de cette décision de réduction, l'Opep a pris des décisions importantes. La première est d'ordre organisationnel et a mis fin à un statu quo qui a duré plusieurs années. La conférence de l'Opep réunie à Abuja a nommé pour un mandat de trois années l'ancien ancien PDG de la compagnie libyenne du pétrole, Abdallah El Badri, et ancien ministre libyen du Pétrole. Abdallah El Badri a occupé aussi le poste de président de l'Opep, il y a une décennie. La deuxième décision, attendue d'ailleurs puisque l'annonce avait été faite par les deux parties, c'est celle de l'adhésion de l'Angola à l'Opep. Elle a été officialisée jeudi après que le ministre du Pétrole de l'Angola ait officiellement déposé la demande. Avec cette adhésion, qui était recherchée par l'organisation, le poids de l'Opep se trouve renforcé ainsi que son influence sur le marché du pétrole. Si l'Angola produit actuellement 1,4 million de barils par jour, sa production doit grimper à 2 millions de barils par jour en 2008. Au mois de juin dernier, le président de l'Opep avait envoyé des lettres aux gouvernements angolais et soudanais leur demandant de rejoindre l'organisation. A la fin du mois de novembre, le Conseil des ministres de l'Angola a adopté le principe de cette adhésion. L'Angola collaborait déjà avec l'Opep et avait un siège d'observateur lors des conférences de l'organisation. La troisième décision prise à Abuja est celle d'organiser un sommet des pays de l'Opep. Le dernier en date a eu lieu à Caracas en 2000. Le prochain sommet devrait se dérouler en Arabie Saoudite au mois de septembre 2007. Vendredi en milieu de journée, le prix du baril de pétrole se situait au-dessus des 62 dollars à Londres comme à New York.