La presse française ne cesse de rebondir sur le conflit qui oppose actuellement la France et la Turquie concernant la reconnaissance du génocide arménien comme prérequis indispensable pour la rentrée dans l'Europe. Une polémique qui inquiète la partie française quant aux conséquences économiques importantes sur les entreprises françaises. En effet, depuis l'adoption jeudi par les députés français d'une proposition de loi rendant passible de prison la négation du génocide arménien, et qui a suscité immédiatement la colère d'Ankara, le ministère turc des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué, que la France « perd malheureusement sa position privilégiée au sein du peuple turc ». Face au vote des parlementaires français, la Turquie avait brandi la menace de représailles économiques. Le directeur général de Peugeot, Jean Saint-Geours, craint déjà des représailles. Pour lui, le risque est considéré comme certain. Il a ainsi rappelé que lors de l'adoption de textes sur le sujet en 2001 par les députés français, des positions similaires de la Turquie avaient d'ores et déjà pu être constatées, via manifestations et mises en garde du gouvernement turc. « Nous allons voir ce qui se passe cette fois-ci, il faut attendre de voir comment les choses évoluent », a-t-il ajouté. Le DG de Peugeot a indiqué que la marque automobile française détenait environ 5 à 6% du marché automobile turc. Les 250 entreprises françaises implantées en Turquie pourraient voir leurs efforts une nouvelle fois mis à mal. La Turquie est un partenaire commercial privilégié de la France qui est son 5e fournisseur avec 4,7 milliards d'euros d'exportations. Les échanges se sont chiffrés en 2005 à 8,2 mds d'euros. En 2001 déjà, le vote par les députés français d'une loi reconnaissant le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens avait suscité de vives réactions d'Ankara. Plusieurs entreprises françaises comme Thomson ou Alcatel avaient alors été exclues d'appels d'offres publics tandis que se multipliaient les appels au boycott des produits de l'Hexagone. La Turquie a déjà prévenu que les relations bilatérales pourraient souffrir de « dommages irréparables ». Raphael Esposito, directeur de la chambre de commerce franco-turque, prédit de grosses difficultés pour les firmes françaises dans toutes leurs démarches douanières et administratives, « sans parler de l'exclusion des appels d'offres publics ». Parmi les multiples contrats publics potentiels en Turquie se trouve l'achat de 52 hélicoptères militaires et civils pour un montant de plusieurs centaines de millions d'euros. Le français Eurocopter est en lice avec 3 autres firmes étrangères. L'Etat turc devrait annoncer son choix d'ici la fin de l'année mais les chances d'Eurocopter seraient quasiment réduites désormais. Le contrat de construction de 3 centrales nucléaires pour un montant estimé à 4 mds d'euros serait aussi sur la sellette. Le directeur pour la Turquie de la société de restauration Sodexho chiffre à un million d'euros le manque à gagner occasionné à son entreprise en 2001 par 2 semaines de boycott de ses cantines. Les sociétés françaises sont impliquées dans de grands projets d'infrastructure dans plusieurs grandes villes, dont Istanbul, qui prévoit de renforcer le réseau de son métro.