Pour éviter à des groupes sociaux de basculer dans la violence ou de se radicaliser, il est important de promouvoir la démocratie sous tous ses aspects. C'est le point de vue défendu, hier, par le secrétaire d'Etat adjoint américain pour la Démocratie, les Droits de l'homme et le Travail, Tom Malinowski, à l'ouverture des travaux d'un atelier international d'une journée sur «Le rôle de la démocratie dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme», organisé hier au Palais des nations à Alger. Pour M. Malinowski, cela signifie grosso modo que «nous devons respecter les droits de nos citoyens, combattre la corruption et éliminer la torture». De telles pratiques alimentent l'extrémisme et le terrorisme. L'officiel américain — qui a recommandé d'agir avant même que les candidats au terrorisme ne soient endoctrinés ou radicalisés car, a-t-il dit, le travail de déradicalisation est difficile à mener —, a fait savoir aussi qu'il est important que «les gens sentent que le changement est possible sans le recours à la violence». «Cela signifie, a indiqué Tom Malinowski, permettre aux gens de manifester pacifiquement et laisser les journalistes écrire librement.» Evoquant le rôle que peuvent jouer les organisations de la société civile pour déjouer des opérations de recrutement et de radicalisation, le secrétaire d'Etat adjoint américain a suggéré de trouver un équilibre entre les droits et la sécurité. «Cette question de l'équilibre est si cruciale pour notre capacité à gagner la phase de pré-radicalisation et faire en sorte que les terroristes ne réussissent pas à attirer davantage de jeunes vulnérables.» Lors de son discours d'ouverture de cet atelier, dont les travaux se sont déroulés à huis clos, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s'est lui aussi dit convaincu que la démocratie est «le meilleur rempart contre l'extrémisme violent et le terrorisme». «La démocratie est le meilleur rempart contre l'extrémisme violent et le terrorisme en ce qu'elle permet de révéler aux yeux de la population les dangers que celui-ci véhicule, de l'isoler, de le marginaliser et de le faire rejeter définitivement», a-t-il déclaré. Etat de droit Abdelkader Messahel a insisté sur l'idée que «pour être efficace, la lutte contre le terrorisme et son terreau doit être impérativement respectueuse de l'Etat de droit, des droits de l'homme et de la démocratie». Elle doit satisfaire aussi, a-t-il ajouté, «à quelques exigences minimales, parmi lesquelles la mise en œuvre en amont de politiques et stratégies de lutte contre les facteurs d'exclusion, de radicalisation et de marginalisation, l'élargissement constant et soutenu des espaces de droit et de libertés individuelles et collectives indispensables à l'épanouissement des individus, au progrès des sociétés, à la prospérité des économies et au développement des pays». Cette lutte doit aussi inclure «le renforcement en permanence de la démocratie participative et de ses leviers institutionnels, la promotion de la justice sociale et de l'égalité des chances», a-t-il poursuivi. M. Messahel a indiqué, en outre, que l'Algérie, instruite par la douloureuse tragédie qu'elle a vécue dans les années 1990, «a acquis la profonde conviction que la préservation et la consolidation au quotidien de la voie démocratique et pluraliste constituent la réponse la plus efficace à l'agression terroriste que les tenants de l'extrémisme avaient lancée contre le peuple et ses institutions». Au niveau international, M. Messahel a ajouté que «si la démocratie joue un rôle déterminant dans la lutte contre le terrorisme au plan interne, cette lutte ne peut s'accommoder, au plan international, de logique de double poids ou de double mesure dans la définition du terrorisme, ainsi que de politiques interventionnistes génératrices de chaos et de désordres favorables aux groupes terroristes».