Une décennie de sang a donné à l'Algérie une expérience de fer, encensée et rappelée dans tous les discours et les foras internationaux dans la lutte antiterroriste et contre l'extrémisme violent. Pour combattre ces deux phénomène, l'Algérie reste rigoureuse sur ces principes, il n'y a pas mieux que la «démocratie», a déclaré hier à Alger, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. En marge de l'ouverture de l'atelier international sur «le rôle de la démocratie dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme», tenu hier aux Palais des nations à Alger, le ministre a tenu un discours clair face au responsable américain Tom Malinowski, le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de la démocratie, des droits de l'Homme et du travail : «La démocratie est le meilleur rempart contre l'extrémisme violent et le terrorisme en ce qu'elle permet de révéler aux yeux de la population les dangers que celui-ci véhicule, de l'isoler, de le marginaliser et de le faire rejeter définitivement». Selon lui, «cette lutte doit ainsi satisfaire à quelques exigences minimales, parmi lesquelles la mise en œuvre en amont de politiques et stratégies de lutte contre les facteurs d'exclusion, de radicalisation et de marginalisation, l'élargissement constant et soutenu des espaces de droit et de libertés individuelles et collectives indispensables à l'épanouissement des individus, au progrès des sociétés, à la prospérité des économies et au développement des pays». Interrogé sur la lutte contre le discours extrémiste, le ministre a indiqué que «la stratégie algérienne est claire depuis 1999». Dans ce sens, Abdelkader Messahel a souligné que «la démocratie, l'Etat de droit, le pluralisme politique et les libertés individuelles et collectives, la tolérance, le dialogue, le respect de l'autre et la coexistence dans la diversité sont des valeurs qui unissent nos peuples et nos pays et contribuent à asseoir la paix et la stabilité et à réaliser le progrès des sociétés et le bien-être des individus». Sur ce volet, il a confirmé que «la destruction de ces mêmes valeurs représente par contre un objectif partagé par les groupes terroristes, toutes obédiences confondues, au profit de l'instauration d'un modèle de gouvernance théocratique réprimant les libertés individuelles et collectives et fondé sur la logique de l'exclusif et de l'exclusion». Interrogé sur le rôle d'internet dans l'endoctrinement et la propagande terroriste et la façon avec laquelle réagir face à ce phénomène dangereux, Abdelkader Messahel a souligné que l'Algérie a fait la demande d'élaborer une charte internationale pour encadrer l'utilisation de ces outils de communication afin qu'elles restent un moyen de dialogue entre les peuples et non pas un système dangereux d'endoctrinement des idées terroristes, ajoutant que ce volet a été débattu lors de cet atelier. Pour sa part, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour la démocratie, les droits de l'Homme et le travail, Tom Malinowski, a qualifié de très forte la coopération algéro-américaine en matière de lutte contre le terrorisme. «Les Etats-Unis et l'Algérie sont liés par un partenariat étroit touchant à divers domaines, y compris la lutte contre le terrorisme où notre coopération est très forte», a-t-il affirmé.«Aucun pays ne pourra à lui seul combattre le fléau du terrorisme sans l'aide d'autres pays partenaires», a souligné le responsable américain, qui s'est dit content de partager l'expérience américaine dans le domaine de la lutte anti-terroriste et d'apprendre de la «longue» expérience algérienne en la matière. Malinowski a souligné que l'Algérie et les Etats-Unis partageaient la conviction que le seul moyen de combattre le terrorisme et l'extrémisme était de continuer à renforcer les institutions démocratiques et le rôle de la société civile. A une question sur l'importance de l'Atelier d'Alger, le responsable américain a relevé que «la plupart des conférences qui traitent de la lutte contre le terrorisme focalisent sur l'aspect militaire de cette lutte alors que la rencontre d'Alger est axée sur ce que nous considérons est plus important : à savoir comment organiser nos sociétés et élaborer nos politiques».