Il m'arrive encore de me revoir marchant sur le tarmac de l'aéroport en direction de mon avion, traînant ma valise et mon sac à dos, complètement sonné par la charge émotionnelle des étreintes et des larmes de mes proches quelques heures plus tôt. Confus également à cause des tentatives de découragement de certains d'entre eux : «t'es trop jeune» «les études en France sont très difficiles» ou encore «il fait trop froid là-bas, tu ne supporteras jamais»... Tout était bon pour essayer de me convaincre d'abandonner mon projet et de poursuivre mes études supérieures en Algérie, du moins la licence. En effet, le baccalauréat dans une poche et le visa d'étude dans l'autre, j'étais sur le point de quitter Alger pour Lille pour entamer des études supérieures en sciences politiques. Le désir d'étudier à l'étranger est le fruit d'une frustration, l'envie d'aventure et de voyages et le souhait d'étudier les sciences politiques, une spécialité pauvre et méprisée en Algérie. Malgré l'intense charge de travail, les horaires tardifs, des cours qui m'étaient jusque-là inconnus, ma première année à l'université s'est passée sans grande difficulté. Outre l'aspect académique, l'intérêt d'étudier à l'étranger est tout autre. En effet, la formation que nous offre la vie quotidienne est bien plus riche ; s'occuper de la paperasse administrative (et Dieu sait combien elle est lourde), chercher un logement, gérer un budget, des imprévus et le stress accessoirement, aucune université ne nous apprend tout cela. Durant cette première année, je n'ai cessé de m'ouvrir sur le monde ; en plus d'être entouré par des étudiants de toutes les nationalités sur les bans de l'université, j'ai fait en sorte de bien profiter de l'espace Schengen, où j'étais désormais résident pour visiter un pays européen par mois. Des paysages à couper le souffle, des gens intéressants, des discussions longues et vigoureuses… c'est indéniablement le meilleur challenge que je me suis lancé ! La deuxième année en France fut plus sereine puisque mes repères et habitudes dans la ville étaient pris et mon espace de confort était bien délimité, un espace de confort que j'ai vite abandonné. En effet, j'ai été sélectionné par mon université française pour aller étudier à l'étranger dans le cadre d'un échange académique. C'est avec beaucoup de motivation que j'ai entrepris toutes les démarches pour mon transfert à Rome, où je m'établis pour une année d'études. Une année durant laquelle je découvrirai un nouveau système d'enseignement et de nouvelles disciplines, la lutte anti-mafia et terrorisme par exemple, un domaine dans lequel l'Italie possède une expertise reconnue mondialement. Au final, je suis convaincu que cette expérience peut littéralement et définitivement changer l'être humain, positivement bien sûr. Il s'émancipe, s'ouvre sur autrui, apprend à s'adapter à toutes les situations, gagne en indépendance et fera du monde sa patrie. Tout cela ne peut qu'être propice à l'épanouissement personnel. Partez !