La bibliothèque centrale de l'université M'hamed Bougara de Boumerdès (UMMB) a abrité, du 18 au 20 septembre, un congrès annuel, le Casta, sur le développement des sciences et des technologies appliquées. Organisé par une nouvelle association, l'ONDST, la première édition de ce congrès ambitionne, selon le président du Casta, de «réunir innovateurs universitaires et entrepreneurs du secteur économique dans le souci de traduire les idées par du concret». Le vice-recteur de l'université de Boumerdès, M. Tiabi, a tenu à rectifier l'équation : «La nouvelle donne est d'intégrer le territoire dans le développement. En somme, il faut former des créateurs d'emplois et non des chercheurs d'emplois.» La passerelle qu'entend instaurer pareille manifestation entre l'université et le marché économique s'articule autour de 15 thèmes touchant toutes les disciplines : l'électronique et l'électrique, les matériaux, l'agriculture et la nutrition, la biotechnologie et la santé, les mathématiques, l'informatique, l'hydraulique, la physique et la chimie... 105 travaux ont été retenus sur plus de 250 candidatures. Pour donner l'exemple, les organisateurs ont invité des sommités scientifiques mondiales, dont l'Algérien candidat au prix Nobel de physique, le professeur Madjid Boutemeur, docteur en physique nucléaire et physique des particules au CERN européen et le professeur Kamel Senhadji, directeur de laboratoire de recherche sur le sida. D'ailleurs, le représentant du ministère de l'Enseignement supérieur a profité de l'occasion de leur présence pour informer ces invités de marque que l'Etat algérien fera appel à eux pour l'encadrement de doctorants au sein des équipes de recherche. L'honneur de la conférence inaugurale a échu au professeur Boutemeur sur «L'hadronthérapie appliquée au traitement des cellules cancéreuses». Il s'agit là d'une spécialité qui réunit la physique des particules, le numérique et la médecine. La recherche pluridisciplinaire constitue ainsi la nouvelle tendance dans l'approche des problèmes de développement, de santé et de nutrition qui se posent à l'humanité du XXIe siècle. Selon les intervenants, l'hadronthérapie a commencé à se substituer aux traitements actuels du cancer (chirurgie, chimiothérapie et médicaments) ; elle se base sur les interactions élémentaires entre les ions, la gravitation et l'électromagnétisme notamment. Même si la science n'a pas encore élucidé complètement le fonctionnement de ces caractéristiques des particules cellulaires que sont les neutrons, les protons et les noyaux atomiques, elle utilise un accélérateur thermonucléaire implanté au sous-sol d'un hôpital pour transférer l'énergie sur une cible telle que la cellule maligne pour la réparer ou l'éliminer en 90 secondes. Ce traitement utilisé au Japon et en Allemagne permet déjà de soigner des cancéreux en un temps record, pour un coût de 21 000 euros pour chaque traitement par rapport à la lourde prise en charge actuelle dans nos hôpitaux. Le Pr Boutemeur a avancé le chiffre de 2000 patients par an avec un taux de guérison de 77%. Le taux de survie par tranche d'âge est de 79% pour les enfants, 62% pour les femmes et 46% pour les hommes. Pour l'Algérie, ce serait des gains thérapeutiques et économiques énormes, sachant qu'il y a 150 000 cas de cancer par an. Il suffirait donc d'un investissement de 2,5 millions d'euros pour l'installation d'un accélérateur thermonucléaire au niveau de l'hôpital. Ce serait révolutionnaire ! Le Pr Boutemeur compte dans son équipe de recherche trois autres Algériens. La compétence existe, elle ne demande qu'à être associée. C'est ce manque de partenariat et de participation des jeunes qui fait défaut. Un entrepreneur de Ouargla l'a bien exprimé : «Nous manquons de contacts avec les jeunes intelligences algériennes qui peuvent apporter la plus-value que nos entreprises recherchent vainement, surtout dans l'environnement.»