A l'occasion de la Journée internationale de la paix et du vivre ensemble, la wilaya de Mostaganem a organisé une cérémonie de remise du prix Emir Abdelkader à trois personnalités ayant œuvré pour la promotion de la paix : l'Espagnol Federico Mayor, le Canadien Raymond Chretien et l'Algérien Lakhdar Brahimi. Attendue depuis des semaines, voire des mois, la première édition du Prix de la paix et du vivre-ensemble, lequel récompensera désormais, chaque année, trois personnalités distinguées en trois catégories : la rive sud, la rive nord et le reste du monde, a eu lieu, ce mercredi, dans le vaste domaine de l'association Djanatou El Arif, à Mostaganem. Les festivités qui ont duré toute la journée, ont commencé la matinée par la réception des personnalités politiques, diplomatiques et scientifiques venues du monde entier. Afin de faire découvrir le riche patrimoine de la zaouïa El Alâwya à ses convives, l'association Djanatu Al Arif a agencé tout un programme qui les a mis d'emblée dans la chaleureuse ambiance du soufisme. Vers 16 h, une conférence de presse a été animée par cheikh Bentounes, cheikh de la tariqa Alâwya, accompagné de M. Mohamed Aziza, président du programme MED21, ainsi que de M. Hamid Demmou, président AISA ONG internationale et M. Nasser Eddine Mouhoub, porte-parole de la fondation Djanatu Al Arif. «La paix et le vivre-ensemble», tel était le message martelé par les organisateurs de cet évènement lesquels jugent que cette initiative est primordiale aujourd'hui où une crise entre religions règne dans le monde. Dans cette optique, afin de promouvoir la culture de la paix et du vivre-ensemble, AISA ONG internationale, la fondation méditerranéenne du développement durable (Djanatu Al Arif) et le programme MED 21 ont décidé de créer un «Prix de la Paix» qui porte le nom d'une grande personnalité de l'histoire algérienne, en l'occurrence l'Emir Abdelkader. «Je suis, depuis six ans, passionné par cet homme. Il m'a inculqué l'amour des gens. Quand on était enfants, nos parents nous emmenaient jouer à Ghriss, à Mascara. Par là, ils nous ont inculqué les valeurs de l'Emir et les dimensions humanistes et spirituelles qui lui étaient propres», nous a confié cheikh Bentounes. Notons, à ce propos, la présence de plusieurs personnalités, dont le nom ou la profession a un rapport avec l'Emir Abdelkader : M. Idriss Djazairi, arrière petit-fils de l'Emir Abdelkader, Jushua Robert Pope, maire de la commune El Kader aux USA ainsi que plusieurs chercheurs dont les travaux ont été centrés sur la personnalité de l'Emir Abdelkader. Enfin, pour revenir à la remise du prix Emir Abdelkader, qui sera désormais décerné tous les ans, notons que la cérémonie, présidée par Fadila Laanan, secrétaire d'Etat et ministre-président du gouvernement francophone bruxellois et Idriss Djazairi, ambassadeur et rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, s'est déroulée dans un chapiteau archicomplet, en présence des autorités locales de Mostaganem, du ministre de la Culture et devant un parterre d'ambassadeurs et de diplomates représentant plusieurs pays. Pour la rive nord, le prix a été décerné à l'ancien directeur général de l'UNESCO, M. Federico Mayor (Espagne) qui, malheureusement, n'a pas pu être présent pour des raisons de santé. Pour la rive sud, le prix est revenu à Lakhdar Brahimi (Algérie), ancien ministre, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, médiateur international de l'ONU. Quant au troisième lauréat pour la catégorie «reste du monde», le bureau exécutif a opté pour Raymond Chrétien (Canada), ambassadeur honoraire du Canada, président de l'observatoire international des maires sur le vivre-ensemble. Dans son allocution, Lakhdar Brahimi a insisté sur l'importance de la solidarité au sein de la communauté musulmane en cette période où le radicalisme bat son plein et a appelé tout le monde à revenir aux éthiques islamiques et le vivre-ensemble dont le Maghreb était un exemple pour les autres régions du monde. «Cela fait bien longtemps que l'Algérie œuvre en faveur d'un Maghreb toujours à la recherche de prospérité et une coopération bénéfique entre les pays méditerranéens. Face aux précipices criminels et à la violence déchainée des uns et aux errements démagogiques des autres, il n'y a pas de temps à perdre. Il convient notamment de ne pas laisser le champ libre à l'intolérance, à l'amalgame. Il n'est pas permis d'occulter les conflits qui ensanglantent certains de nos pays. Il est donc urgent pour tous et tout d'abord pour toute la Méditerranée d'œuvrer ensemble avec patience et détermination pour créer ce que, jadis, Jaques Ibert appelait : les nouvelles Andalousie. Je suis serein et confiant que le Prix Emir Abdelkader apportera un plus à réaliser ce souhait».