Nous avons cru à un nouveau tremblement de terre », témoigne, l'air dépité, Youcef, chauffeur dans une entreprise privée. Commentant les attentats qui ont visé, dans la nuit de dimanche à lundi, deux commissariats de police à Réghaïa et Dergana, à l'est d'Alger, il affirme que les bombes « ont fait sortir de leur torpeur la majeure partie des locataires du site des chalets à Alger Plage, commune de Bordj El Bahri » Victime du tremblement de terre du 21 mai 2003, Youcef garde toujours dans son esprit les stigmates d'une nuit pas comme les autres. « J'ai toujours en mémoire les cadavres ensevelis sous les décombres et les habitations écroulées comme des châteaux de cartes. Heureusement que ma famille s'en s'est sortie indemne grâce à la volonté de Dieu. Mais nous continuons toujours à souffrir le martyre malgré les promesses de l'Etat », se désole-t-il. Habitant les villas d'Alger Plage, un autre citoyen affirme, de son côté, que le souffle de la déflagration « est resté collé pendant plusieurs minutes à mes oreilles tellement il était puissant ». Notre interlocuteur, qui a fait directement un lien avec la horde terroriste, s'interroge s'il ne s'agit pas là d'un retour vers les années noires où les attentats à la voiture piégée faisaient des dizaines de morts. A Rouiba, une localité située à une dizaine de kilomètres de Réghaïa, l'explosion a été entendue à des kilomètres à la ronde. Elle a tiré de leur sommeil des dizaines de familles, selon le témoignage d'une jeune secrétaire dans un établissement privé. Notre vis-à-vis atteste que les bombes ont créé un climat de frayeur et de torpeur au sein de la population locale qui, pour beaucoup parmi elle, est sortie dehors pour s'enquérir de la situation de leurs proches et avoir des nouvelles de leurs amis. « J'ai cru qu'une bombe venait d'exploser au niveau du parking de mon quartier tellement la déflagration était violente », témoigne Djamel, un confrère habitant au dernier étage d'un immeuble situé à la cité Sorecal, à Bab Ezzouar. Malika, qui habite également au dernier étage d'un bâtiment au quartier de Cinq Maisons, à El Harrach, confirme que les explosions ont « terrifié plus d'un voisin ». « La majorité, effrayée, est sortie sur les balcons. Nous ne savions même pas s'il s'agissait d'un tonnerre ou bien d'une bombe », affirme-t-elle. Hassan, de son côté, a été étourdi par la force destructrice de l'explosion, malgré qu'il soit locataire d'un appartement situé à la cité Aadl de Bab Ezzouar. « L'explosion a été bien ressentie chez moi, je croyais que c'était au niveau du quartier », affirme-t-il. Même réponse du côté de la rue Hassiba Ben Bouali, où les déflagrations ont été un sujet de discussion chez des femmes habitant le quartier Belouizdad (ex-Belcourt). Celles-ci affirment que les vitres de leur appartement « ont vibré suite à ces explosions ». D'autres citoyens, demeurant aux Groupes du 1er Mai ou même à la rue Larbi Ben M'hidi (ex-rue d'Isly), à Alger-Centre, affirment avoir entendu les explosions et attestent que les détonations étaient « des plus terrifiantes ».