Dans une réaction à chaud, la cellule de communication de la direction de la Sûreté nationale annonce que le dispositif sécuritaire spécial mis en place ces derniers temps sera “réévalué”. Elle révèle que des instructions strictes ont été données pour que les grandes villes soient mises progressivement à l'abri de tout acte terroriste. Il y aura, non seulement un renforcement en effectif, mais également en équipements nécessaires à la lutte antiterroriste. “Les attentats d'avant-hier contre deux commissariats de police ont réveillé ceux qui dormaient. Un nouveau dispositif va être mis en place peu à peu, et il y aura un renforcement en équipements également. À titre d'exemple, nous disposons de caméras à fibre optique dans la capitale, mais en nombre insuffisant.” À la question de savoir ce qui va changer concrètement dans la lutte antiterroriste, notre interlocuteur répond : “Ce qui va changer ? Eh bien, les gens seront dorénavant plus vigilants. Il ne faut pas croire que c'est gagné parce que le dispositif sécuritaire est renforcé. Les terroristes profitent justement de ces moments inévitables de relâchement. Ils ne pouvaient rien tenter pendant le Ramadhan, parce que nos services étaient constamment en alerte. Mais, vous savez, la lutte contre le terrorisme est prise en charge par le secteur opérationnel de l'armée. La police n'est qu'une partie du dispositif sécuritaire. Notre intervention se limite en milieu urbain.” Pour en revenir à l'explosion de deux voitures piégées, à dix minutes d'intervalle, dans la nuit de dimanche à lundi devant deux structures de police respectivement de Réghaïa et Dergana, la source autorisée de la DGSN réplique qu'elles sont dues à “un problème de baisse de vigilance après une période de tension durant le mois de Ramadhan où un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis en place. On s'attendait à un attentat. Une dizaine de jours avant le début du mois sacré, nous étions en état d'alerte à cause d'un véhicule d'une APC qui a été volé. C'était clair qu'on allait l'utiliser pour déposer une bombe. Si c'était le fait de trafiquants ou de voleurs de voitures, il aurait été plus rentable pour eux d'opter pour une Mercedes par exemple. Heureusement que les attentats qui ont eu lieu avant-hier n'ont pas fait beaucoup de victimes”. Notre interlocuteur révèle que l'une des personnes décédées a été identifiée comme étant un repenti : “Il peut s'avérer qu'il soit l'un des poseurs de bombe. Mais pour l'instant, rien n'est sûr. L'enquête est en cours. Notre équipe de spécialistes vient de rentrer du terrain et doit faire son expertise et à partir de là, il y aura des pistes.” Ces dernières semaines, les services de sécurité, les policiers et militaires en premier, ont été particulièrement ciblés par les groupes armés. La DGSN l'explique : “C'est certainement, un défi. Pour les attentats d'avant-hier, ils ont ciblé des structures de police isolées et proches du maquis de Boumerdès et de Tizi Ouzou. C'est là que tout se passe.” Notre source détaille un peu plus le nouveau dispositif sécuritaire qui va être mis en place en indiquant qu'il sera amène de parer plus efficacement aux attentats terroristes : “Il y a une année à deux ans, nous étions à 11 000 policiers à Alger. Nous sommes actuellement à 15 000 agents de police et nous en serons dans une année ou deux à 20 000 et ce n'est pas fini. Ce sont des instructions très strictes : Nous devons arriver à rendre rapidement les grandes villes imperméables aux infiltrations des groupes armés.” La DGSN écarte la possibilité d'autres attentats terroristes les jours à venir dans la capitale, même si elle déclare ne jurer de rien. “Généralement quand ils commettent ce genre d'opération, ils disparaissent pour longtemps. Mais cela peut arriver. Il ne faut surtout pas baisser de vigilance, conclut-on au niveau de la cellule de communication de la Sûreté nationale. Communiqué de la DGSN 3 personnes, dont une femme, ont été tuées et 24 autres blessées “sans grande gravité” dans l'explosion de deux véhicules piégés dans la nuit de dimanche à lundi à Réghaïa et Dergana, à l'est de la wilaya d'Alger, a indiqué la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) dans un communiqué. La première explosion s'est produite vers 23h55 à proximité du siège de la 3e Sûreté urbaine de Réghaïa, suivie dix minutes plus tard d'une deuxième déflagration “derrière les sièges de la Sûreté urbaine et de la BMPJ (Brigade mobile de la police judiciaire) de Dergana”, précise le communiqué. Dans chaque attentat, un véhicule piégé volé a été utilisé, a ajouté la même source. Les trois personnes tuées sont des civils, ajoute la DGSN, qui précise que des policiers figurent parmi les blessés, dont “la majorité ont regagné leur domicile”. La même source a assuré que “toutes les mesures ont été prises pour apporter l'aide et l'assistance” nécessaires aux blessés. Les deux explosions ont également occasionné “des dégâts aux sièges des structures de police et à des habitations limitrophes ainsi qu'à des véhicules”, selon le communiqué. La DGSN a affirmé qu'“aussitôt (après les explosions), une opération de recherches a été déclenchée et une enquête a été ouverte pour l'identification et l'arrestation des auteurs”. “Les structures de police visées continuent de fournir les prestations nécessaires aux citoyens et d'assurer leur sécurité dans leurs localités respectives”, conclut le texte. Nissa Hammadi