On ne peut plus faire face à cette situation. Ces vendeurs illégaux étalent leurs marchandises juste devant nos vitrines. Très souvent, les discussions avec eux prennent une mauvaise tournure. Là, ce n'est plus de la concurrence mais de la provocation. » Un cri de détresse, un énième, celui du président de l'Association pour le protection de l'activité commerciale (APAC), H'faïfia Ayache. Ce dernier, citant comme exemple la rue Mohamed Belouizdad, dresse un tableau des plus noirs du désordre qui prévaut actuellement au niveau de cette artère, l'une des plus fréquentées de la capitale. Ici, dans ce quartier, l'insécurité, conjuguée à l'anarchie et à la passivité des pouvoirs publics et autres services de sécurité, règne en maître absolu. Ici les vendeurs à la sauvette sont « implantés » partout. Ils étalent, au vu et au su des services chargés de la concurrence et des prix, leurs produits à même le sol. Des produits périssables qui nécessitent un conditionnement rigoureux sont exposés à même le sol et sous un soleil de plomb comme le pain par exemple ou les biscuits, les fromages, les jus et autres boissons gazeuses. Des jeunes sans emploi, de vieux retraités et des « fonctionnaires » qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts et qui viennent arrondir leur fin de mois les week-ends étalent leurs marchandises tout en obstruant anarchiquement les espaces publics.Profitant de la prochaine rentrée des classes, des jeunes exposent cahiers, classeurs, sacs à dos, tabliers à des prix défiant toute concurrence. « Les prix vont davantage connaître une baisse, puisque nous attendons un nouveau arrivage dans quelques jours », nous confie un jeune trabendiste rencontré à la place des Martyrs. « Ces vendeurs nous rendent la vie impossible. Je ne suis pas contre ces jeunes sans ressources ni contre ces pères de famille qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Je suis tout simplement contre l'anarchie et la passivité. Sauf que nous, nous faisons face à une concurrence déloyale. L'Etat doit réagir et trouver une solution afin d'éradiquer ce phénomène qui gangrène notre vie quotidienne et d'intégrer ces commerçants dans le circuit officiel », atteste notre interlocuteur. Autres problèmes, ceux de l'hygiène et des nuisances sonores générés par la présence de ces vendeurs illégaux. Des tonnes de détritus, selon les commerçants signataires de la pétition adressée aussi bien au président de la République qu'au ministre de l'Intérieur, au wali d'Alger et aux autorités locales, continuent de joncher les abords de leurs commerces situés aux alentours du marché Soudani Mohamed, appelé communément marché T'nach ainsi que la voie publique. Des sachets en plastique, des cartons d'emballage évoluent au gré des vents. L'APAC qui réitère son appel aux autorités concernées afin d'intervenir et mettre une terme à ce fléau compte organiser d'ici à un mois un sit-in de protestation devant le siège de l'APC de Belouizdad. Signalons que la capitale compte, selon les statistiques fournies par le CNES, plus de 700 marchés illégaux recensés. Plus de 10 000 personnes y exercent. Les exemples les plus édifiants de cette anarchie et de ces conséquences sont perceptibles à la place des Martyrs, à la rue Bouzrina et à la rue Ferhat Boussaâd (ex-Meissonier), à Bachedjarah ou à Bab Ezzouar. Le CNES avait recommandé, dans son rapport, la facilitation dans l'octroi de crédits aux jeunes investisseurs et a même préconisé de mettre en œuvre et en urgence les instruments de régulation et de contrôle afin de stopper, dans un premier temps l'extension du commerce illégal.