Une rebutante cité-dortoir existe à El Madania (ex-Clos Salembier), commune de plus de 50 000 habitants à la périphérie d'Alger. Pour s'en convaincre, il suffit d'y aller et de constater ainsi que tout l'espace est occupé par de hideuses barres HLM. Elle s'en trouve de ce fait désorganisée. Cette municipalité d'à peine 217 ha est composée de 8 cités, toutes construites à l'époque coloniale, dans le cadre du Plan de Constantine. A l'initiative de Jaques Chevalier, ancien maire du Grand-Alger, elles furent édifiées pour abriter la population musulmane, des ensembles résidentiels aux noms évocateurs : Diar Essaâda, Confort, etc. Les seuls logements qu'ont consenties à construire les autorités publiques, après l'accession d'El Madania au statut de commune en 1984, sont ceux des cités des 108 et 96 Logements. En dépit de la manne offerte par l'Etat cette année dans le cadre du Plan communal de développement (PCD) de 10 milliards de dinars, la situation n'en est pas moins scabreuse. « D'ailleurs, c'est tout juste si le budget communal nous sert à payer les salaires des quelque 300 fonctionnaires de la commune. Cette situation est due au recrutement hâtif opéré par l'ancien exécutif communal. Nous ne pouvons jeter les employés, sans procès, à la rue », assure M. Boughadou, vice-président chargé de l'urbanisme. Tout en reconnaissent que sa commune n'a point de vocation industrielle ou autre, Abderezzak Mouffok, P/Apc, se dit atterré par la situation qui « n'en finit pas de s'aggraver ». A l'entendre, le problème dont pâtissent le plus ses administrés est le logement. Il en découle la promiscuité dans l'ensemble des cités. En témoigne la situation à la cité Diar Echems où des familles composées de plusieurs membres « étouffent » dans des « appartements » de 24 m2. Conséquences : ces mêmes familles aménagent des baraquements sans que les autorités puissent y trouver à redire « en dépit des diverses mises en demeure ». « Dans cette cité, pas moins de 126 baraques ont été construites et 50 individus ont été déférés devant la justice », indique le vice-président. « Une opération d'éradication fut annoncée, mais quelle ne fut notre surprise quand elle a été arrêtée sans que l'on soit associés. Les autorités de wilaya appréhendent la réaction violente de la population », affirme Boughadou en attestant qu'il faut utiliser la force pour les déloger. Le P/Apc dira que quelque 7500 demandes de logements sociaux participatifs (LSP) et 3500 demandes dans le cadre des logements sociaux ont été déposées auprès des services de l'Apc. « Il s'est avéré qu'après le premier tri effectué par la commission de sélection sur les 3500 cas, 600 ont un besoin urgent. Pour cela, on ne peut privilégier quelques-uns aux dépens des autres sans que ceux-ci se sentent lésés. Le quota affecté à la commune est de 80 logements », atteste-t-il, en relevant que la distribution de ces mêmes logements n'est guère pour demain du fait que l'exécutif craint d'« avoir maille à partir avec ces administrés ». Concernant le quota affecté à la commune concernant le LSP, il s'élevait, selon lui, initialement à 234 logements répartis. Du programme de 159 logements de cette formule, il ne reste que 126. Les bénéficiaires ont payé leur part depuis le lancement de la formule en 2001, alors que les autres ont fait le choix de se désister. Le problème est réglé avec le consentement des souscripteurs et trois sites ont été ainsi désignés, à savoir Douéra, Draria et Tessala El Merdja. Tout en battant en brèche les allégations du wali d'Alger M. Addou, nos interlocuteurs attestent que 110 familles qui habitaient dans les 13 résidences classées dans la catégorie rouge, cinq le sont par les services du CTC. Une partie des sinistrés du séisme a été relogée peu après le sinistre, alors que d'autres le seront bientôt, affirme-t-il. Faut-il pour cela désespérer de voir la situation changée ? Seule une restructuration de ces vieux quartiers peut être valable, expliquent nos vis-à-vis. Prévue au temps de l'ancien exécutif, celle-ci, dont les études ont été déjà ficelées, a été « retardée » en raison des catastrophes qu'a connues le pays. Cette opération consiste en l'aménagement des anciennes habitations en F3 dans l'ensemble des cités de la municipalité.