Longtemps délaissée par les autorités, la commune Eucalyptus ne finit pas de connaître des remous. Les citoyens lancent, à qui veut les entendre, des cris désespérés. Il n'est qu'à voir l'état dans lequel se trouvent ceux qui habitent les chalets appelés pompeusement « hai des 400 Logements » pour s'en convaincre. Les occupants de ces baraquements rebutants, dont le nombre ne suffit pas à contenir des familles, n'ont bénéficié d'aucun quota de logements sociaux. Les occupants, rappelle un quinquagénaire rencontré à la lisière de l'endroit, ont été transférés manu militari des bidonvilles situés du lieu devant servir d'assiette à la construction de Riadh El Feth, sur les hauteurs de la capitale, d'où d'ailleurs le nom de cet endroit. « C'était prévisible de la part de Chadli, qui voulait tout juste se débarrasser de ces occupants encombrants et réaliser ainsi ses lubies. Depuis, rien n'est venu soulager les familles qui occupent l'endroit depuis 1982 », atteste-t-il. Il reste que les résidants de ces lieux ont trouvé la parade : construire des baraques sur le boulevard principal, qu'ils ont transformé, plus tard, en fonds de commerces. De rutilantes boutiques sortent de terre avec le consentement des élus locaux. La plupart des habitants n'ont pas eu cette chance et demeurent ainsi dans l'expectative, depuis leur transfert dans cet endroit faisant face au siége de l'APC. Quelque120 logements sociaux ont été distribués par la commune. Des citoyens sont venus protester sans que leur mouvement prenne de l'ampleur. « Le nombre d'occupants à quadruplé. Plus de 60 personnes résidants de notre hay ont déposé des demandes de logements, aucun n'en a bénéficié. Si les instances de la wilaya déléguée, par mégarde, en font bénéficier certains, une émeute éclatera le même jour. Les administrateurs veulent faire l'économie d'une crise qui les mettra hors de leurs postes. Le programme de LSP prévu à l'endroit des chalets peut attendre aussi. » Les infrastructures font défaut dans ce site, « Pas de dar echabab (maison de jeunes), ni de dar el chouyoukh (personnes âgées) », plaisante un « parkingueur » de Salembier, relevant que les membres de l'exécutif communal ne font que penser à leur avenir, sans se soucier de celui de leurs électeurs. « D'ailleurs, ajoute-t-il, pour accéder au bureau du P/APC devenu un véritable bachagha, il faut passer par une porte dérobée. Un factotum se chargera de vous y conduire si par chance le maire daigne vous recevoir. » Les élus qui voulaient se rapprocher des citoyens n'y sont pas parvenus, « par leur faute », en dépit de la construction de la direction de l'action culturelle et sociale (DASC), constrution sur laquelle a pesé une grande suspicion. La seule bibliothèque qui devait être construite en un temps record, soutiennent les élus, n'a pas connu son lancement trois ans après son inscription. Il est un phénomène qui prend aussi de l'ampleur dans cette commune de la banlieue d'Alger ; c'est celui de l'urbanisation effrénée. « Des cités AADL ont été habitées sans que les citoyens puissent jouir d'un espace de détente. Que dire, déplore-t-on, des gens de Salembier ». Le terrain, attenant à la DASC situé non loin du siège de l'Apc, devait servir d'aire de jeu. Propriété de l'Apc, cet espace, de quelque 400 m2, a été attribué à des citoyens avec la complicité du DEC qui était à la tête de l'Assemblée avant 1996, date de son éviction. En dépit de ce décor lugubre, les services de l'APC se montrent fiers de l'inscription de pas moins de 8 espaces verts, auxquels a été allouée une enveloppe de 1 million de dinars chacun.