Après un silence qui aura duré plusieurs semaines, voire des mois, voilà que Amar Saadani, secrétaire général du FLN, tire à boulets rouges sur ses détracteurs. Il commence par l'ancien patron du défunt Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Toufik, son ancien parrain. Celui auquel il doit sa promotion au sein du parti jusqu'à devenir président de l'APN et finir secrétaire général du vieux parti, est présenté comme «la tête des agents de la France» et, mieux encore, comme rédacteur de la lettre des 14 anciens cadres de l'ALN, demandant son départ de la direction du FLN. Comble de l'ironie, Amar Saadani accuse 14 symboles de la Révolution algérienne d'être à la solde «d'un agent» de la France, lui qui n'a dit mot sur les déclarations outrageantes des officiels français comparant les militants du FLN historique, ces héros de la Guerre d'indépendance, aux terroristes de Daech, et s'est gardé de répondre aux accusations calomnieuses contre l'ALN, à laquelle, la France, reproche d'avoir commis des massacres contre les harkis. Pourtant, c'est dans ce pays, que Amar Saadani a choisi d'acquérir deux appartements et c'est dans ce pays qu'il passe le plus de son temps et se soigne. En fait, Saadani n'en est pas à sa première sortie. Depuis plus d'une année, il ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur toute personnalité ou responsable qui ose apporter une contradiction sur la gestion des affaires de l'Etat, critiquer la gestion du FLN ou tout simplement s'interroger sur l'avenir du pays, avec un Président souffrant d'une lourde maladie, au point où certains n'hésitent pas à lui prêter le rôle de porte-parole pour ne pas dire «de chargé des sales besognes», du clan présidentiel. Mais depuis son grave dérapage contre le secrétaire général du RND et directeur de cabinet du Président, Ahmed Ouyahia, qu'il a accusé de traîtrise, et son alliance pour le moins troublante avec l'ambitieux chef de l'état-major de l'Anp et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaid Salah, la méfiance s'est installée. Saadani n'est plus aussi soutenu qu'avant, y compris au sein de son parti où les contestataires ont obtenu le feu vert «d'en haut» pour lui «couper les ailes». Pour mieux asseoir cette rupture entre Saadani et le clan présidentiel, une lettre de félicitations signée de la main du président de la République a été adressée à Ahmed Ouyahia, après sa réélection à la tête du RND. Ce dernier revient en force après que Saadani l'ait lynché publiquement et appelé à son limogeage. Hier, il n'a dit mot à son sujet. Bien au contraire. Le «traître» d'il y a quelques mois est devenu, pour le secrétaire général du FLN, «un allié». Est-ce parce qu'il sait qu'en haut lieu, les jeux sont déjà faits et que dans l'échiquier politique sa place est lourdement compromise ? Les soutiens sur lesquels il comptait pour revenir en force sur la scène ne sont plus aussi sûrs. Un rééquilibrage au sein des appareils de l'Etat et au plus haut sommet serait en train de se faire. Son ambition dévorante a été fatale pour lui. Certaines indiscrétions évoquent, avec insistance, un remaniement ministériel d'importance. Ce dernier risquerait même de surprendre les plus avertis, y compris Saadani et les ambitieux comme lui qui croyaient faire et défaire les destins des hommes et des institutions de l'Etat. Il est évident que ce jeu d'alliance et d'allégeance se fait sur fond de guerre d'intérêts et de partage du pouvoir…