La scène politique s'emballe depuis quelques semaines sur fond de recomposition dans et à la périphérie du pouvoir. Le retour d'Ouyahia à la tête du RND et le «plan d'action» dont il a fait part ne semblent pas arranger le FLN de Saadani, alors que Louisa Hanoune et d'autres acteurs de l'opposition s'inquiètent de la déliquescence de l'Etat. Accusations et répliques, attaques et contre-attaques… La scène politique nationale s'est transformée, l'espace d'un week-end, en une arène où s'affrontent des acteurs politiques, dont certains représentent des clans au sein d'un même pouvoir. Le débat d'idées souhaité, qui ne s'est toujours pas installé, laisse la place à des échanges à couteaux tirés impliquant des chefs de parti, dont ceux qui se prétendent les tuteurs de la politique nationale. Première saillie : la lettre adressée par le chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, au secrétaire général contesté du FLN, Amar Saadani. Celle-ci ne cesse de susciter la polémique qui fait perdre leur sang-froid aux acteurs politiques qui tentaient jusque-là de faire preuve de retenue. Les premiers signes d'une guerre déclarée au sommet du pouvoir commencent à apparaître. Parmi eux, cette lutte de leadership entre Amar Saadani et le revenant à la tête du RND, Ahmed Ouyahia. Alors que les tenants du pouvoir voulaient constituer un front uni pour faire face à l'opposition, de graves divergences apparaissent. Quelques heures seulement après avoir appelé à la mise en place d'un «pôle politique» pour soutenir le programme du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia reçoit une refus du secrétaire général du FLN. Animant une conférence de presse – la première depuis le 10e congrès de son parti – Amar Saadani fait valoir «le poids du FLN» pour signifier à Ahmed Ouyahia son désaccord. «Il faut que le FLN soit la locomotive parce qu'on est la majorité et il faut que l'alliance soit autour de lois, de projets, de débats et non de personnes ou d'autres entités», lance-t-il. Lutte de leadership Amar Saadani, représentant du clan présidentiel, semble ne pas avoir apprécié les déclarations d'Ahmed Ouyahia sur l'impossibilité d'une «succession monarchiste» et l'hommage qu'il a «rendu au DRS, à si Toufik (le patron du DRS) et à l'ANP». Les deux hommes s'accordent sur une seule question : critiquer les partis de l'opposition qui ont gêné le pouvoir dans la mise en œuvre de son agenda. Les deux hommes ont tenté aussi de prendre à parti la patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. Et cela a donné suite à des échanges plus virulents. Surtout entre Amar Saadani et Louisa Hanoune. N'ayant pas apprécié les critiques faites par la secrétaire générale du PT à Gaïd Salah, Amar Saadani la tacle violemment en l'accusant «d'avoir demandé au chef d'état-major une intervention de l'armée dans la politique». «Louisa Hanoune parle de la Constitution alors que c'est elle qui l'a violée en premier et en dernier. N'est-ce pas elle qui est partie voir Gaïd Salah et a fait une déclaration à ce propos ? Mais ce qu'elle n'a pas dit à la presse, c'est qu'elle a demandé à Gaïd Salah une intervention de l'armée dans la politique, mais ce dernier a refusé. Pis, le siège national du PT est un bien de l'armée», affirme Amar Saadani. Du tac au tac, Mme Hanoune rétorque en le traitant de «menteur». «Saadani ment lorsqu'il parle à ma place du contenu de la discussion que j'ai eue avec Gaïd Salah. Il m'a affirmé que l'ANP est une armée républicaine et jamais je ne lui ai demandé de s'immiscer dans la vie politique. C'est la lettre de Gaïd Salah au secrétaire général du FLN qui rompt avec ce principe de neutralité et implique l'armée dans des calculs politiciens», assène-t-elle à partir de Skikda où elle a animé, hier, un meeting. Et d'ajouter : «C'est Saadani qui a porté atteinte à l'unité de l'ANP en s'attaquant à l'un de ses démembrements, le DRS. Ses attaques sont une manière de vouloir me faire taire. Non ! Je ne me tairai pas devant les dérives oligarchiques.» Cette oligarchie, selon elle, accapare les centres de décision. Louisa Hanoune répond aussi à Ahmed Ouyahia, auquel elle demande des explications sur le transfert des prérogatives présidentielles à d'autres personnes de manière illégale.