Dans une course de leadership, chacun des deux partis tente de s'affirmer comme étant la principale force sur une scène politique complètement verrouillée. Après huit ans d'alliance et plus de 15 ans de cohabitation dans le même pouvoir, le FLN et le RND affichent publiquement leur désaccord. Et c'est une première pour ces deux partis qui donnaient, jusque-là, l'impression de s'entendre sur tous les détails. Le divorce tacite consommé en 2012, lorsque l'Alliance présidentielle avait volé en éclats suite au retrait du MSP, semble être très dur à digérer pour ces deux formations proches du pouvoir, mais qui ne concluent que des unions de circonstance : souvent pour permettre au régime de se maintenir. Cette fois-ci, une nouvelle lune de miel entre ces deux partis est quasi impossible. En effet, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, et son homologue du RND, Ahmed Ouyahia, échangent depuis le début de l'été dernier des messages de rejet à distance. Dans une course de leadership, dont les tenants et les aboutissants ne sont pas encore clairs, chacun des deux partis tente de s'affirmer comme étant la principale force sur une scène politique complètement verrouillée. Cette lutte donne désormais naissance à une polémique étalée publiquement, saugrenue, autour du soutien au programme du président Bouteflika. Amar Saadani, devenu secrétaire général du FLN grâce à la bénédiction du clan présidentiel, se montre d'une féroce animosité à l'égard d'Ahmed Ouyahia, dont il soupçonne une volonté de briguer un mandat présidentiel. Il ne veut donc pas le laisser faire, en tentant de bloquer toute initiative qui viendrait de lui. Et cette polémique autour de la reconstitution de l'Alliance présidentielle, proposée par le secrétaire général du RND, s'inscrit dans cette logique. Pour la énième fois, Amar Saadani dénigre l'initiative d'Ouyahia en la qualifiant même de «dangereuse» et de «caduque». «Le RND est un parti ami. Mais notre initiative est plus large que celle qu'il propose. Nous voulons rapprocher les points de vue sur les questions essentielles, notamment celles relatives à la sécurité et à l'économie», a déclaré Amar Saadani à l'occasion de la réunion, mardi dernier à Alger, du bureau politique du parti. Selon lui, «la période de transition» et «celle de l'accaparement total du pouvoir» sont dépassées. «Il (Ahmed Ouyahia, ndlr) propose le retour à l'ancien schéma de l'Alliance présidentielle. Nous ne pouvons pas revenir vers le passé. Le retour à cette période est très dangereux (…) S'il est d'accord avec notre initiative, qu'il nous propose la méthode qu'il souhaite pour sa mise en œuvre. Nous sommes ouverts à toutes les propositions», a-t-il lancé, redéfinissant ainsi les contours et les objectifs de son «nouveau front» qui, selon lui, vise à «moraliser la vie politique» et à «créer des consensus sur des questions essentielles, telles que la sécurité et l'économie». La déclaration du patron du FLN intervient quelques jours seulement après la sortie médiatique du chef de cabinet de la Présidence qui avait, à son tour, rejeté la proposition de son rival. L'homme fort du RND ne digère toujours pas le fait que le FLN refuse d'accepter sa proposition de constituer, en compagnie du MPA et du TAJ, un nouveau bloc pour faire face à l'opposition. A quoi rime cette guéguerre ? La lecture de ces rebondissements au sein du pouvoir est difficile. Mais ils ont, sans doute, un lien avec la préparation des prochaines échéances. Peut-être la succession…