En dépit du dispositif réglementaire en vigueur, les mesures de prévention des risques professionnels ne sont pas toujours prises en compte, notamment dans les petites entreprises. La santé et la sécurité en milieu professionnel demeurent à nos jours un sujet peu abordé. Il est aussi un volet souvent négligé par les employeurs, parfois par méconnaissance mais souvent par le peu d'importance accordé à la prévention des risques en milieu du travail. De nombreux accidents sont d'ailleurs recensés en milieu professionnel, donnant lieu à un constat jugé alarmant à Tizi Ouzou. La Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) est le principal organisme disposant du recensement des cas d'accident et autres maladies liés au travail. Les statistiques demeurent néanmoins inaccessibles et la direction se dit non habilitée à communiquer le moindre chiffre à ce sujet. Le directeur de la CNAS à Tizi Ouzou préfère nous orienter vers la direction générale à Alger. Les rares statistiques dont nous disposons aujourd'hui sur l'ampleur du phénomène dans la région sont celles communiquées par l'inspection du travail (IT). Cet organisme fait part de pas moins de cinq décès survenus en 2015 suite à des accidents de travail. Le chiffre relatif aux blessés n'a pas été dévoilé, mais on signale tout de même son importance ainsi que le lien direct de ces cas recensés avec le non-respect des mesures de prévention des risques en milieu professionnel. L'inspection du travail locale multiplie les sorties sur le terrain en visant à chaque fois des entreprises des deux secteurs, privé et public. Les inspecteurs établissent souvent des mises en demeure quand ils relèvent des infractions. Une manière d'inciter au respect de la loi régissant l'hygiène et la médecine du travail, notamment la loi n° 88-07 du 26 janvier 1988. Au niveau de l'inspection, on affirme toutefois privilégier «l'accompagnement» et «a sensibilisation» plutôt que «la répression». Durant l'année 2015, les inspecteurs, actuellement au nombre de 13, ont accompli 4719 visites sur le terrain, en plus de celles effectuées en brigades mixtes regroupant en plus de l'IT des représentants d'autres organismes, à l'image de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), l'Oprebatph (Organisme de prévention des risques professionnels) et la Cacobatph (Caisse des congés payés et du chômage-intempéries dans le bâtiment). Les inspecteurs ont d'ailleurs établi durant la même période 4886 mises en demeure, selon Saliha Lakhdari, directrice de l'Inspection du travail à Tizi Ouzou. Elle souligne que les activités sur le terrain consistent à «faire le constat de l'infraction dans un premier temps» et explique que «ce premier acte de l'intervention où l'inspecteur établit une mise en demeure se fait en parallèle à une information sur le tas et une sensibilisation contre les risques encourus. Cette sensibilisation profite aussi bien à l'employeur qu'au travailleur». Un suivi de l'évolution de la situation est par la suite fait par l'inspecteur à travers une contre-visite organisée après expiration des délais accordés pour la régularisation. «Nos inspecteurs octroient des délais selon la ou les infractions relevées sur le terrain. Au bout de la période fixée, une contre-visite, toujours inopinée, est organisée pour la régularisation ou la répression», explique notre interlocutrice. C'est de cette manière d'ailleurs que 3984 cas sur le total des infractions relevées en 2015 ont pu être régularisés. Il s'agit souvent de l'absence d'équipements de protections individuels (EPI) (casque, chaussures, masque, lunettes, blouses…) et d'équipements de protection collective (EPC) (aération, organisation des tâches). Les inspecteurs de l'IT font souvent face à des cas où la régularisation n'est pas automatique malgré les délais accordés. Dans ces cas, des procès-verbaux d'infraction (PVI) sont dressés et les dossiers transmis à la justice. L'IT à Tizi Ouzou a ainsi enregistré 180 affaires engagées en justice durant l'année 2015. Malgré les interventions de l'IT, la situation demeure préoccupante. Les activités industrielles se développent, de même que les chantiers en construction, sauf qu'un système de prévention des accidents et de protection contre les maladies professionnelles est rarement intégré au dispositif de recrutement en masse.