Le cheikh Ag Aoussa, n°2 du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), une composante de l'ex-rébellion armée touareg réunie au sein de la CMA, a trouvé la mort dans l'explosion de sa voiture. La piste de l'assassinat n'est pas exclue. La cheikh Ag Aoussa, un des principaux chefs militaires de l'ex-rébellion touareg a été tué samedi non loin de Kidal dans l'explosion de sa voiture. Des sources évoquent la thèse d'une mine. Cheikh Ag Assoua est mort alors qu'il revenait d'un camp de la Minusma à Kidal, où il avait participé à une réunion de sécurité. Le porte-parole de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), dont fait partie le HCUA, a en revanche réfuté cette thèse et privilégié la piste de l'«assassinat ciblé». Cette affirmation repose, selon lui, sur le fait que des membres de la CMA ont constaté la présence de restes d'un engin explosif sur la carcasse du véhicule. Aussi la CMA s'est-elle empressée de réclamer une enquête indépendante pour que la lumière soit faite sur la mort de cette figure de l'ex-rébellion. S'il se révèle qu'il s'agit bien d'un assassinat ciblé, le plus dur sera de trouver les commanditaires. Les ennemis de l'accord de paix au Mali sont nombreux. Signataire de l'accord de paix d'Alger, cheikh Ag Aoussa était également le chef d'état-major du HCUA. Avant de rejoindre ce mouvement, ce Touareg de la tribu des Ifoghas avait été le bras droit d'Iyad Ag Ghali, chef du groupe terroriste Ançar Eddine. C'est en 2013 qu'il rejoint le Mouvement islamique de l'Azawad, qui deviendra le HCUA en mai 2014. Un nord malien instable La situation dans le nord du Mali est actuellement très volatile. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes. Deux soldats maliens ont été tués le 5 octobre près de Tombouctou. La veille, un militaire malien, participant à l'escorte d'un convoi de responsables entre Goundam et Tombouctou, avait été également tué dans une attaque imputée à des terroristes présumés. Et ces «terroristes présumés» visent de plus en plus les escortes accompagnant le déplacement de fonctionnaires dans le nord du Mali. Des observateurs y voient un signe de leur volonté d'empêcher tout «redéploiement de l'administration dans le Nord». Dans son dernier rapport trimestriel au Conseil de sécurité sur le Mali, rendu public la semaine dernière, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souligné que «le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans le nord du Mali demeure problématique», ajoutant que le pouvoir central est totalement absent des régions de Kidal et Taoudénit. Ban Ki-moon avait affirmé en outre que «les attaques contre les forces françaises, maliennes et la Minusma avaient augmenté et devenaient de plus en plus sophistiquées et complexes». Les affrontements entre les rebelles et le Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental), qui ont ensanglanté la ville de Kidal en juillet, août et septembre, ont rendu davantage compliquée la situation. Ces affrontements font craindre aujourd'hui une remise en cause de l'accord de paix que la CMA et les autorités maliennes ont signé en 2015. Un accord dont l'application accumule déjà beaucoup de retards. Et tous ces éléments n'augurent rien de bon, car ils risquent de faire revenir les Maliens à la case départ.