Le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine (UA), a annoncé la signature vendredi soir par le gouvernement malien d'un accord de cessez-le-feu paraphé quelques heures auparavant par trois groupes armés présents dans le nord du Mali, à Kidal. Nous venons de signer un accord qui ouvre la voie à un cessez-le feu, a déclaré le chef de l'Etat mauritanien à Bamako, s'exprimant à l'antenne de la télévision publique malienne ORTM. L'accord entre en vigueur dès la signature par l'ensemble des parties, ce qui a été le cas vers 16H00-16H30 (locales et GMT) à Kidal (extrême nord-est) par les groupes armés et à 21H30 à Bamako au nom du gouvernement malien par le ministre de l'Intérieur, Sada Samaké. Les groupes armés signataires sont le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA, formé par des dissidents d'un groupe jihadiste) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), à travers leurs chefs militaires, dont Mohamed Ag Najim pour le MNLA et Cheikh Ag Aoussa (ou Awsa) pour le HCUA, selon diverses sources. Le document a été signé sous la supervision du président Aziz et de Bert Koenders, chef de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), selon l'ONU. M. Ntolé Kazadi, chef de l'unité politique de la Mission de l'UA pour le Mali et le Sahel (Misahel) y a également assisté, selon l'UA. De violents combats ont opposé le 17 mai à Kidal les forces maliennes et les groupes armés, composés essentiellement de Touareg mais aussi d'Arabes et d'autres communautés présentes dans le nord du Mali. A l'issue de nouveaux affrontements mercredi, les rebelles ont pris le contrôle de la ville, traditionnellement fief de Touareg, ainsi que de Ménaka (660 km au sud de Kidal), selon l'ONU. Les rebelles affirment s'être rendus maîtres de plusieurs localités, ce que conteste Bamako, qui avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral dès mercredi soir. L'accord de cessez-le-feu signé vendredi nous ouvre la voie à des négociations futures tenant compte d'accords passés signés le juin 2013 à Ouagadougou par les mêmes parties, il comporte un certain nombre de points (et) va permettre de stabiliser la région dans un premier temps et sécuriser la zone, a expliqué M. Aziz. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage à l'action de son homologue mauritanien, arrivé jeudi à Bamako après avoir écourté une visite qu'il effectuait à Kigali. Toute la journée (de vendredi), il a négocié, il a convaincu nos frères (...) qu'il n'y avait pas d'alternative à la paix et à la table de négociations, a dit M. Keïta. Ce qu'il a obtenu (...) est tout simplement admirable. C'est un cessez-le-feu dont nous avons besoins, a-t-il estimé. Le président Aziz devait quitter le Mali samedi, d'après une source dans sa délégation. Selon la Minusma, les signataires ont convenu de la cessation des hostilités sur toute l'étendue du territoire national, de revenir à l'accord préliminaire du 18 juin 2013 pour une reprise immédiate des négociations avec le soutien de l'ONU et ses partenaires régionaux et internationaux. Ils ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires des Nations unies et autres partenaires humanitaires, et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur, a ajouté la Minusma. Ils sont enfin tombés d'accord sur la mise en place d'une commission internationale d'enquête relative aux événements survenus, en commençant par Kidal, a-t-elle indiqué, sans plus de détails sur ces évènements et la période concernée.