Le gouvernement malien a appelé vendredi à la retenue après les violents combats de la veille à Kidal (nord) qui ont fait des morts, estimant qu'ils constituent "une menace grave" pour l'accord de paix signé en 2015. Le gouvernement malien a suivi ces développements "avec gravité", indique son porte-parole et ministre de la Communication Mountaga Tall dans un communiqué. Il "considère que la situation créée par ces affrontements constitue une menace grave pour la mise en œuvre de l'accord" de paix, et ainsi contribuent à entraver "la sécurisation des populations" dans le nord du pays, affirme-t-il. Il "demande à la CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad, ex-rébellion) et au HCUA (Haut conseil pour l"unité de l'Azawad) de faire preuve de retenue et d'arrêter les hostilités dans l'intérêt supérieur des populations". Les affrontements ont éclaté jeudi après-midi à Kidal, chef-lieu de la région du même nom dans l'extrême nord-est du pays, où cohabitaient sans heurts depuis février la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) et les mouvements de la Plateforme. Les affrontements ont impliqué, selon les médias locaux, des membres du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), de la Plateforme, et des hommes du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), de la CMA, d'après plusieurs sources. Depuis jeudi, plusieurs appels à l'apaisement ont été lancés, notamment par la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et la France, qui ont condamné la rupture du cessez-le-feu par les deux camps. Les Touaregs - minoritaires au Mali mais très présents dans la région de Kidal - sont représentés dans les deux camps qui se sont affrontés par le passé puis ont enterré la hache de guerre par un "pacte d'honneur" conclu au Mali. L'accord de paix au Mali est censé définitivement isoler les groupes terroristes qui ont contrôlé entre mars-avril 2012 et début 2013 le nord du pays. Ils en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013, et qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les mouvements de la Plateforme regrettent les "malheureux évènements" à Kidal (communiqué) Par ailleurs, les Mouvements de la Plateforme du Mali ont regretté les "malheureux évènements" qui ont commencé jeudi et ont continué vendredi à Kidal, et réitèrant leur engagement "indéfectible" à respecter l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, a indiqué un communiqué de la Plateforme. La Plateforme "soucieuse de l'impérieuse nécessité de la protection des populations civiles de Kidal, de la préservation de l'Accord de paix, prenant acte aussi de l'appel lancé par les Autorités du Mali et la Minusma, réitère sa disponibilité à régler tous les différends par le dialogue", a-t-elle indiqué dans son communiqué publié suite à ces évènements reproduit par les médias maliens. La Plateforme "appelle toutes les parties au Processus d'Alger à s'impliquer pour éloigner les combattants en armes des agglomérations où vivent les paisibles populations". La Plateforme réitère "son engagement indéfectible à respecter l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ainsi qu'elle renouvelle sa confiance aux structures chargées de sa mise en œuvre, mise en œuvre qui demeure la seule réponse aux véritables préoccupations des populations du Nord du Mali", indique le communiqué. La ville de Kidal dans le nord du Mali a été le théâtre de violents combats jeudi et vendredi ayant fait des morts, suite à un différend entre tribus locales, mais le calme semblait revenir dans la journée, ont affirmé un élu local et des habitants. L'élu local cité par des médias maliens a fait état de nouveaux combats vendredi matin. "Mais ça se calme actuellement", a-t-il assuré. Les combats sont liés à "un problème de leadership entre la tribu touareg des Imghad et celle des Ifoghas pour le contrôle de Kidal", a dit cet élu, sans plus de détails. Un habitant de Kidal a indiqué avoir pu sortir de chez lui vendredi matin à la faveur de l'accalmie, contrairement à jeudi après-midi, où les civils s'étaient calfeutrés en raison des violents affrontements. "Ce matin, il n'y a plus beaucoup de coups de feu". Selon des médias locaux, les combats ont impliqué des membres armés de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) et des membres de la Plateforme. Selon le communiqué de la Plateforme, "des membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad ont ouvert le feu gratuitement sur des éléments de la Plateforme qui rentraient paisiblement chez eux à Kidal , imposant un combat meurtrier dont le bilan non défini pèserait lourd déjà". Jeudi soir, un responsable de l'ex-rébellion avait indiqué qu'il y avait eu "beaucoup morts" dans le camp adverse et trois ex-rebelles tués. Les "combats violents" avaient été confirmés dans un communiqué jeudi soir par la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), présente à Kidal, sans cependant identifier les mouvements concernés, indiquant simplement que "tous sont signataires en mai-juin 2015 d'un accord de paix avec le gouvernement malien". "Des armes lourdes, y compris des mortiers, ont été utilisées lors des confrontations", affirmait la Minusma, appelant leurs responsables "à mettre fin immédiatement aux hostilités". D'après une source à la Minusma à Kidal, plusieurs civils ont quitté leurs domiciles pour se réfugier dans le camp de l'ONU dans la nuit de jeudi.