L'écho de l'Oranie, en date du 25 janvier 1961, titrait « lors d'une perquisition au village Boudia (Saida), 4 terroristes sont tués à Saida et deux autres blessés », qu'en est-il au juste de cette affaire ? Après le précieux témoignage de Mekki Hachemi, un témoin oculaire résidant à l'époque dans la rue de l' Ouarsenis, nous avons pu restituer les différents faits qui ont causé la mort de cinq civils et non quatre terroristes. Tout a commencé lors de la manifestation du 11 décembre 1960 où des patriotes animés d'une vive ardeur et d'un grand enthousiasme réclamaient à corps et à cri l'indépendance de l'Algérie durant plusieurs jours. L'armée française constatant que la rébellion prenait de l'ampleur et craignant de ne pouvoir calmer les esprits surchauffés, a opté pour la manière forte. Dans la soirée du 23 janvier 1961, les résidents de la rue de l'Ouarsenis ont vécu une nuit cauchemardesque, plus particulièrement le n° 18, connu comme étant « chaouch el thaoura ». Conscient de la gravité de la chose, les résidents de village Boudia qui faisaient le guet sur leurs toits, ont aperçu en cette nuit fatidique une patrouille sous le commandement du lieutenant Benbrahim Youcef, para du général Bigeard, accompagné de ses sbires, Il pleuvait à flots et une coupure d'électricité sombra la ville dans les ténèbres. La patrouille cibla le n° 18 pour embarquer les meneurs et les mater. Devant le refus des locataires d'ouvrir, la porte d'entrée fut défoncée. Le premier à pénétrer dans le patio, le lieutenant Youcef reçut un coup de hache en plein crâne ce qui ne l'empêcha pas de crier sous l'effet de la douleur : « tuez les tous ! » Le premier qui succomba sous les feux nourris des mitraillettes est le chahid Djabber Benyoucef, suivi de Boualem Kada, l'héroïque Hamdane Bakhta, son mari Mahi Ameur et son père Hamdane Mohamed ; toute une famille décimée par la barbarie humaine pour la faire taire. Selon les témoignages, Hamdane Bakhta, agonisant, a appelé sa voisine en lui lançant : « nous allons mourir, mais l'Algérie aura son indépendance. Prenez soin de mes enfants ! » Elle s'est effondrée sous le grand figuier. Quant à la rue Djaber cheikh, ex Ouarsenis, elle a été rasée car se trouvant dans le lit de Oued Oikrif. La rue de l'Ouarsenis a eu, entre 1954 et 1962, 25 chahids morts les armes à la main, sous la torture ou froidement assassinés.