Lors d'une conférence de presse tenue dans l'après-midi de mardi dernier au siège du Front El Moustakbel, Lamine Nefla, membre de l'APC de Skikda, est revenu longuement sur la gestion de la ville qu'il qualifie de «désastreuse». Il révèle, à cette occasion, plusieurs «dépassements» et accuse le maire d'agir «contrairement aux lois». Le P/APC, lui, s'en est défendu et s'est dit décidé «d'ester l'élu en justice pour diffamation». Lors de cette conférence, Lamine Nefla a exhibé des documents officiels pour appuyer ses déclarations. Touchant presque à tout ce qui concerne la gestion communale, il évoque plusieurs sujets qui, selon ses déclarations, «sont entachés d'irrégularités». «26 personnes ont été recrutées par l'APC sans passer par les procédures légales. Idem pour un lot de 80 logements ruraux attribués par l'APC et qui ont vu le désistement de 26 bénéficiaires, qui ont été remplacés par d'autres personnes sans que l'assemblée ne soit au courant des noms de ces nouveaux bénéficiaires. A Sidi Ahmed aussi, il y a cinq terrains dont le devenir reste inconnu. Lorsque le sujet a été évoqué devant le P/APC, il s'est contenté de dire que ces lots ont été légués à l'agence foncière alors que nous savons qu'une telle procédure ne peut se faire», déclare M. Nefla. Ce dernier évoque également «l'attribution de subventions selon les humeurs et les personnes». Et de citer à titre d'exemple «une association spécialisée dans la confection des gâteaux traditionnels, et dont la présidente, membre du RND, a bénéficié de 270 millions de centimes, alors que des associations de malades et autres sportives n'ont eu que 70 millions». Le sujet de l'Econeg, une entreprise chargée de la collecte des déchets ménagers a aussi été évoqué. M. Nefla dira à ce sujet : «Cette entreprise, dont le directeur est membre du RND, a bénéficié d'une aide de 25 milliards de centimes, alors qu'avant la venue de ce directeur, l'APC ne lui accordait même pas une brouette. Plus grave encore, cette entreprise a recruté 27 jeunes filles, alors que sa vocation professionnelle implique des emplois masculins». Il n'oubliera pas au passage d'évoquer le projet, tant décrié, du jet d'eau de Bab Qcentina. «Le béton utilisé a coûté à lui seul 7 milliards de centimes, sans parler de l'équipement et le projet des plots lumineux qui a coûté 6,8 milliards de centimes, sans que cela ne passe par des délibérations», poursuit-il. L'intervenant évoque également la situation du parc communal. «Ce parc est un cimetière. La moitié des engins, tous types confondus, est en panne», dit-il. Il dénonce le fait qu'en quatre années, les commissions névralgiques que sont celles de l'urbanisme et du social n'ont jamais été constituées. Le maire réfute les accusations Approché, Kamel Tabbouche, maire de Skikda assimile ces attaques à «des ripostes politiciennes» et juge que «M. Nefla a réagi car on venait de lui retirer le véhicule de service suite à sa démission du RND». Répondant aux attaques, le P/APC affirme : «M. Nefla était délégué au lotissement de Sidi Ahmed et en 4 années il ne m'a jamais remis un rapport relatif aux besoins de cette localité.» Au sujet du recrutement, le maire dira : «Tout le monde sait que les règles de la Fonction publique sont claires. On ne peut recruter sans passer par un concours. Dire que cette liste a été confectionnée est faux.» Quant aux subventions, il précisera qu'elles sont proposées par une commission et validées lors des délibérations. «M. Nefla faisait partie de l'assemblée qui a voté ces subventions», note le maire. Pour l'Econeg, le maire précise qu'il est lui-même le président du conseil d'administration de cette entreprise communale. «Lors des délibérations relatives à l'attribution de 25 milliards, M. Nefla a voté pour. Pourquoi tente-t-il aujourd'hui de détourner le débat ?» Revenant sur le sujet des plots lumineux et du jet d'eau, le maire explique : «Le coût du béton est de 3,5 milliards de centimes et celui de l'équipement est de 3 milliards de centimes. Pas un centime de plus n'a été accordé quant au projet des plots, on a lancé un appel d'offres national et les échantillons proposés par les soumissionnaires sont restés longtemps exposés à la salle des délibérations, avant qu'une commission technique n'opte pour un modèle. L'opération s'est passée selon les règles d'usage.» On aura à revenir sur les suites qu'aura certainement à drainer cette crise qui couvait depuis assez longtemps et qui est venue apporter un électrochoc à la vie politique locale, mise en berne et réduite au silence depuis plus de trois années. Puisse cela titiller les méninges de l'ensemble des élus pour penser un peu à une ville qui leur a tout donné.