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Mauvais timing pour une candidature à la présidentielle de 2017 ?
François Hollande et Un président ne devrait pas dire ça
Publié dans El Watan le 16 - 10 - 2016

Les confidences du chef de l'Etat français, notamment sur la justice, dans Un Président ne devrait pas dire ça — qui sort le jour même où il accorde une longue interview à L'Obs censée préparer l'annonce officielle de sa candidature — provoquent une véritable onde de choc et embarrassent ses proches, à telle enseigne qu'il a dû exprimer ses regrets aux magistrats. Suicide politique, imprudence ou stratégie de communication de la part de François Hollande, alors qu'il est au plus bas des sondages et que la présidentielle de 2017 arrive à grands pas ?
Le jour même où paraît dans L'Obs (jeudi dernier) un long entretien où François Hollande se dit prêt à être candidat et fait part de ses thèmes de campagne, sort un livre dont les effets risquent d'être dévastateurs, Un Président ne devrait pas dire ça, des journalistes du Monde de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, aux éditions Stock .
Tout avait été préparé pour lancer la précampagne de candidature de M. Hollande à la primaire du PS en janvier, puis à la présidentielle. Soit, une interview accordée à L'Obs le 13 octobre, dans laquelle le président de la République se dit «prêt», puis le lancement d'un appel de parlementaires socialistes en sa faveur. Dans l'interview à L'Obs, écrasée par la sortie du livre, François Hollande est revenu sur les engagements présentés en 2012. Les Français, explique-t-il, «vont pouvoir comparer non pas ce que j'ai fait à l'aune de ce que j'avais promis, même si je suis prêt à l'inventaire sur mes 60 engagements», mais «ce que j'ai fait dans le contexte que chacun connaît avec ce que proposent ceux qui prétendent nous remplacer». Mais le livre a changé la donne.
Le Monde.fr affirme à des internautes que «ce livre n'est pas un ouvrage ‘‘de'' François Hollande, mais des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui ont rencontré à plusieurs reprises le chef de l'Etat au cours des quatre dernières années. Ce sont donc ses deux auteurs qui ont décidé de sa date de publication, de son format, de son contenu, de son propos général, etc. et en aucune manière le chef de l'Etat ou l'Elysée». Cela ressemble à une mise au point aux spéculations et commentaires sur la pertinence et l'opportunité des propos de François Hollande et de la date de sortie du livre.
Autre précision du Monde : «Comme François Hollande a accepté les conditions des auteurs — enregistrement des conversations et pas de relecture avant parution — il ne pouvait pas avoir de droit de regard sur le livre final. Je sais que l'époque est friande de complotismes en tout genre, mais je ne crois pas qu'il faille voir derrière chaque choix un coup de billard à vingt bandes. François Hollande peut avoir tout simplement pensé que se livrer en toute transparence sur son action comme président de la République était une bonne idée. Peut-être cela se révélera-t-il une erreur au regard des événements politiques des prochains mois. Mais cela, par définition, seul l'avenir nous le dira.»
Désarroi et embarras de l'entourage présidentiel
N'empêche, les dégâts sont là. Le doute sur une candidature à l'élection présidentielle de 2017 de François Hollande s'est emparé de ses proches. C'est le cas du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui a déclaré vendredi matin dans le journal La Provence : «Je me pose des questions sur sa volonté. Une hésitation transparaît. Je lui ai fait part de ma stupéfaction. Il y a un grand besoin d'explication pour comprendre s'il veut vraiment être candidat.» «Un président doit entretenir le feu sacré de la République. Un président ne doit pas autant se confesser. Le devoir de silence fait partie de sa fonction.» Le Premier ministre, Manuel Valls, en déplacement au Canada, enfonce le clou : «Il faut que nos comportements soient dignes.
Il faut de la pudeur, il faut de la hauteur de vue.» Sur BFMTV, le député des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci assène que François Hollande «est aujourd'hui au bout du système avec ses interviews avec des journalistes. Il livre des parts trop intimes. (...) Je regrette que nous ayons droit à ce déballage aujourd'hui, nous n'en avons pas besoin.» Du côté des frondeurs, le député socialiste de l'Indre, Laurent Baumel, juge, selon Le Parisien, que «le mec n'a toujours pas acté qu'il est président de la République. Cette fin de quinquennat est crépusculaire.»
L'entourage présidentiel plaide pour «un exercice de transparence» de la part de François Hollande. «On est excessif avec le président de la République, c'est quasi maladif, mais il ne se protège pas de cet excès, c'est le moins qu'on puisse dire», a expliqué, jeudi au Monde,
M. Cambadélis, patron du PS. Interrogé sur RTL pour savoir s'il pensait que François Hollande allait se présenter, Jean-Christophe Cambadélis a répondu : «Oui, je pense qu'il a cette volonté, mais il ne se facilite pas la tâche», avant de déclarer : «Je suis étonné et déboussolé. Je suis étonné parce que se confier à ce point à tant de journalistes, il y a de quoi être étonné.» «Mais j'ai compris ce qu'il voulait faire : clarifier, faire une mise au point», a-t-il ajouté.
La polémique de trop
A la magistrature qui s'est sentie «humiliée» et qui n'a pas décoléré depuis la sortie du livre, Hollande a adressé vendredi une lettre dans laquelle il déclare regretter ses propos tels qu'ils ont été rapportés dans le livre des journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet. Ces déclarations «sont sans rapport avec la réalité de ma pensée comme avec la ligne de conduite et d'action que je me suis fixé comme président de la République, garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire», écrit François Hollande. «Je regrette profondément ce qui a été ressenti comme une blessure par les magistrats dont je mesure, chaque jour, le courage et le dévouement dans la mission difficile qui est la leur», ajoute François Hollande qui conclut par ces mots : «Je tiens à vous assurer de la confiance que je porte dans la magistrature et dans celles et ceux qui la font vivre et qui méritent le plus grand respect.»
Le procureur Thomas Pison a aussitôt salué — au nom des quatre conférences nationales représentant procureurs et présidents des tribunaux et cours d'appel — «un début d'explication», mais il a prévenu qu'il faudrait du temps «pour que les choses se cicatrisent».
Dans Un président ne devrait pas dire ça, François Hollande dit : «Cette institution, qui est une institution de lâcheté… Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique…»


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