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«Moi je discute avec ceux qui nous ont fait la guerre en Algérie !» François Hollande à Vladimir Poutine sur la Syrie dans 'Un président ne devrait pas dire ça'
Dans Un Président ne devrait pas dire ça. Secrets d'un quinquennat – un livre qui fait l'événement politico-médiatique en France –, les deux auteurs Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent l'échange que François Hollande a eu – et qu'il leur raconte – en février 2015, avec le président russe, Vladimir Poutine, sur la crise en Syrie. «Vladimir Poutine aurait affirmé : ‘Nous, on reconnaît les Etats. Vous intervenez au Mali à la demande d'un Etat pour lutter contre les terroristes, eh bien, vous devriez avoir la même position en Syrie et être conscients que l'opposition à Bachar Al Assad n'est pas une opposition légitime et que ce sont des terroristes.» «Mais, pour Hollande, les opposants syriens ‘ne sont pas des terroristes.' Le président russe insiste : ‘Vous dites ça parce que vous avez des musulmans en France et que vous voulez les protéger. ‘Mais Hollande se défend : ‘Au Mali, on est intervenus, oui, mais les musulmans ne nous ont rien demandé, faut sortir ça à d'autres'. Le président russe poursuit en faisant référence à la Guerre d'Algérie durant laquelle les combattants du FLN étaient qualifiés de terroristes par la France coloniale : ‘De toute façon, les terroristes, vous savez ce que c'est, ce sont les mêmes qui vous ont fait la guerre en Algérie. ' Et à Hollande de rétorquer : ‘Mais moi je discute avec ceux qui nous ont fait la guerre en Algérie ! Bouteflika, il était du côté de ceux que vous appelez les “terroristes”, avant de souligner avec agacement : ‘Vous n'allez pas me dire que Bachar Al Assad, c'est un régime démocratique. Sauf à penser qu'on l'est lorsqu'on est élu à 98%. Vous avez connu ça dans votre propre pays !'» Dans Un Président ne devrait pas dire ça. Secrets d'un quinquennat (éditions Stock), François Hollande parle aussi de la justice, de l'islam, de l'immigration, de l'identité nationale, de Nicolas Sarkozy et d'autres sujets encore qui ont provoqué une onde de choc médiatico-politique en France depuis la publication, mercredi, par l'Express de bonnes feuilles, puis la sortie du livre, jeudi. Dans ses confidences recueillies par Fabrice Lhomme et Gérard Davet au cours de 61 entretiens en cinq ans de quinquennat de François Hollande – qui s'achève dans quelques mois – François Hollande est-il allé trop loin ? «C'est un exercice de transparence», avancent ses partisans, non moins embarrassés. Extraits Sur l'islam, sur la thématique identitaire mise en avant par Nicolas Sarkozy depuis 2016 et sur l'immigration : «Je pense que le sujet, il est par rapport aux Français : qu'est-ce qui fait que nous sommes, en France, même si nous habitons des territoires différents, liés par quelque chose qui nous dépasse ?»… «On s'en prend à une religion comme on ne s'en est jamais pris à aucune autre. On n'a jamais interdit aux prêtres catholiques de porter une soutane dans la rue, pourquoi interdire à une femme d'être voilée ?»… Il ose une formule choc : «La femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain.» «Parce que, développe-t-il, d'une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l'être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l'on fait ? C'est qu'elle préférera la liberté à l'asservissement. Que le voile peut être pour elle une protection, mais que demain elle n'en aura pas besoin pour être rassurée sur sa présence dans la société.» «L'identité, conclut le chef de l'Etat, c'est plutôt l'idée de Nicolas Sarkozy. Le sujet existe, mais il ne peut pas être fédérateur pour la gauche. La gauche ne peut pas gagner sur le thème de l'identité, mais elle peut perdre sur le thème de l'identité.» …Le 23 juillet 2014, nous avons posé au chef de l'Etat, la question suivante de manière volontairement provocatrice : Est-ce que c'est tabou aujourd'hui, en étant de gauche, de dire qu'il y a trop d'immigration ? Nous ne nous attendions pas à cette réponse : «Je pense qu'il y a trop d'arrivées, d'immigration qui ne devrait pas être là» , lâche-t-il. Abandonnant toute langue de bois, Hollande confie : «Qu'il y ait un problème avec l'islam, c'est vrai. Nul n'en doute.» Evidemment, dans la bouche d'un président socialiste, un tel propos peut surprendre. Alors, on le presse de le préciser. «Il y a un problème avec l'islam, parce que l'islam demande des lieux, des reconnaissances», dit-il. «Ce n'est pas l'islam qui pose un problème dans le sens où ce serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu'elle veut s'affirmer comme une religion dans la République. Après, ce qui peut poser un problème, c'est si les musulmans ne dénoncent pas les actes de radicalisation, si les imams se comportent de manière antirépublicaine.»