Voici le portrait sommaire d'un homme qui voua toute sa vie au service des jeunes et du sport. Lui, qu'on a vite fait d'oublier même si des générations entières de footballeurs Skikdis garderont en eux, et à jamais, cette fierté d'avoir été à la belle école de Granados, un surnom que portait l'un des plus grands formateurs de Skikda, Allaoua Boudebza, de son vrai nom. Pourtant, au départ, rien ne prédestinait ce docker né en 1913, à donner au football local ses grandes gloires. Allaoua était plutôt un athlète. Coureur du demi-fond au Racing Club de Philippeville, il régnait en maître sur les parcours des 400 m au temps où l'Algérie était encore française. En 1935, il rejoint la JSMP, l'actuelle JSMS, qui venait d'être créée pour faire partie de la première équipe de ce club mythique. Puis, un jour, les dirigeants du Racing sont venus lui demander de choisir entre eux et la JSMP. «Il n'a pas trop réfléchi et il a opté pour la JSMP. Un choix du cœur qu'il assumera jusqu'à sa mort», raconte Mohamed Tarfaya, un de ses disciples et non moins véritable mémoire de la ville. A la JSMP, Allaoua faisait partie de l'équipe de football et de celle de l'athlétisme aussi. En 1942, il remporta avec ce club le titre régional des 400 m en plus du relais 4X400 m avec Aziz Beddai, Embarek Hachemi et Saci Ben Ali. En 1952 il fera partie de l'équipe de la JSMP qui remporta le championnat de Cross-country avec Toubi, Bali et Houma. Entre temps, Allaoua s'occupait des jeunes footballeurs à la JSMP. Une activité qu'il exercera et à titre bénévole, à partir des années 1940 jusqu'aux années 1980, une période durant laquelle il découvrit de multiples talents tels les Bouchache, les Oudjani, les Saheb, Naïm, Draoui, Boukellal, Boulassel, Hafsi… et tant d'autres encore. Granados s'est limité à former les jeunes. D'ailleurs, c'est avec son équipe junior qu'il hissera haut la JSMP en jouant en 1951 la finale de l'Afrique du Nord avec les jeunes qu'étaient Lazregue, Louahem, Guergouz, Oudjani, Béchiri, Métiba, Silini… Après l'indépendance, il reste attaché à la JSMS jusqu'à sa mort, en 1990. Pour conclure, on ne peut mieux dire que feu Aliouat Oudjani qui, dans un article qu'il lui consacra en 1968, résumait Granados en ces mots : «Sans tambour ni trompette, discret jusqu'à l'effacement, il œuvra avec constance et de façon désintéressée à la prospection des jeunes et à leur formation athlétique et morale.»