Ali Oudjani, Aliouat pour les intimes est mort. Il a été enterré hier, 5 juillet, date symbolique, comme s'il voulait narguer, une dernière fois, ceux qui l'ont «chassé», il y a quatre années, presque jour pour jour, de l'appartement qu'il occupait au CEM Lamrani, ex- Jules Ferry. Il est donc parti cet homme aux multiples libertés, aux moult dons. Sportif, journaliste, éducateur et fin musicien, Aliouat touchait à tout avec cependant une indéniable habileté dont seuls les grands éducateurs ont le secret. Son histoire avec l'éducation remonte aux années 1950, quand il quitta Skikda pour côtoyer les enfants du sud du pays. C'est à Djemaa qu'il monte pour la première fois sur l'estrade. Le virus de l'enseignement ne le quitta depuis plus et après l'indépendance il revient à sa ville chérie pour occuper le poste de directeur du CEM Lamrani. Depuis, lui et son CEM se confondront en un seul identifiant. On ne peut parler du CEM sans évoquer le maître à bord et vice versa. Ali Oudjani est certainement l'un des premiers journalistes de Skikda. A l'indépendance, il collabora longtemps avec le journal «El Moudjahid», avant d'opter finalement pour la presse sportive en devenant correspondant d'El Hadef (le But), c'est dire aussi que Cheikh était connu dans le monde des sports, du football surtout. Il était lui-même footballeur et avait joué, bien avant l'indépendance, en tant que gardien de but dans la fameuse équipe de la JSMP, l'actuelle JSMS. Après l'indépendance, il a assuré le poste d'entraineur auprès de plusieurs clubs locaux. Mais en plus du sportif, Aliouat était aussi un immense artiste et un fin musicien. Il jouait du piano avant d'opter pour l'accordéon et créa, aux premières années de l'indépendance une association musicale, «la troupe artistique locale» bien que les skikdis l'appelaient plutôt «la troupe Oudjani» Une grande rivalité l'opposa à l'époque à la troupe «El Moutakbil el Fenni» de Boubayou, à la grande joie des habitants et des festifs de la ville. Avec les Saci Azzouz, El Haj Boulebrachen, Harkati, Amar Guergouz, Djerou… la troupe Oudjani devenait alors, tout comme la troupe de Boubayou, un must indéniable des fêtes locales et autres mariages. La disparition du Cheikh n'altérera en rien les souvenirs indélébiles qui hanteront à jamais la mémoire de tous ceux qui ont étudié à Lamrani. Grace à Aliouat, ce CEM avait comme une âme spécifique, comme un état d'âme que partagent tous ceux qui avaient suivi leur cycle moyen dans ces lieux. Quand on a étudié à Lamrani, c'est qu'on a forcément été marqué par l'empreinte du Cheikh. C'est une grâce qui vous collera à à la peau. Pour toujours ! … Merci Cheikh !