Tant attendu, le début de l'instruction de l'affaire de Hassi R'mel enclenché avant-hier au tribunal d'Aflou, territorialement compétent, n'a pas tenu toutes ses promesses. A contre-courant du pronostic avancé par des sources très au fait des détails du dossier, pronostic qui prédisait la mise sous mandat de dépôt d'au moins une partie des 16 personnes poursuivies, le magistrat instructeur en charge de l'affaire, au terme d'une journée d'audition, et ce, jusqu'à 23h 30, a relaxé et mis sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national les mis en cause. Ainsi, deux P/APC, dont celui de Hassi R'mel, l'ex-chef de daïra, et 13 autres prévenus dont des administratifs et des particuliers poursuivis pour dilapidation de deniers publics, mauvaise gestion, surfacturation, passation de marchés contraire aux règlements et recours abusif aux bons de commande acheminés aux premières heures du matin sous bonne escorte ont pu rejoindre soulagés et libres Hassi R'mel, où les attendait une foule en liesse. Ce fait rappelle la rivalité tribale à l'origine de l'affaire. A ce titre, il est utile de rappeler que son déclenchement remonte à plus d'une année quand, réagissant à l'exclusion des leurs, et suite à la suspension du secrétaire général de l'APC, des notables du arch des Mkhalifes initièrent une lettre ouverte au président de la République, par laquelle ils demandèrent l'ouverture d'une enquête sur les malversations en cours à Hassi R'mel. Les initiateurs de la lettre, qui soutenaient détenir des preuves irréfutables, invoquaient à la charge du maire la passation de marchés non conforme aux règlements, surfacturation, traitements avec des fournisseurs privilégiés par l'entremise de bons de commande douteux, etc. Acculé, le P/APC fut mis à rude épreuve quand il eut affaire à un déficit que personne n'attendait. En effet, la commune de Hassi R'mel réputée comme l'une des plus riches du pays, commune où l'on dépensait sans compter, régulièrement sollicitée pour financer les déficits des communes mal loties, des projets en dehors de son territoire, dut faire avec un déficit de l'ordre de 20 milliards, selon certaines sources. Une toute autre histoire quand on sait que l'on misait sur une rentrée à titre de taxe de compensation de près de 53 milliards (centre boosting) ; taxes versées pour on ne sait quelles raisons au niveau d'une commune d'Alger alors qu'elles devaient l'être au niveau de la recette de Hassi R'mel. Au regard du caractère complexe du dossier, la décision prise par le juge d'instruction, interprétée comme une mise à plat, ne préjuge en rien les rebondissements que l'affaire ne manquerait par d'avoir. Outre la probabilité du recours à des expertises, l'on n'exclut pas que le complément d'enquête aboutisse à l'implication d'autres personnes. L'affaire ne fait que commencer.