Au cours de l'émission hebdomadaire (le samedi à 10 h) de Radio Mitidja, dédiée aux questions éducatives, une auditrice a soulevé l'absence de communication au sein de sa petite famille. Elle a eu ces propos : « J'ai deux adolescents, un garçon et une fille. Du temps où ils étaient enfants jusqu'à l'âge de 11- 12 ans, ils suivaient mes conseils, faisaient la prière et fréquentaient la mosquée. Ces derniers temps, la fille ne parle que de vêtements et de mode. Le garçon lui ne jure que par un départ vers l'Europe et passe beaucoup de temps face à la télévision et à Internet. Ils ont complètement changé et ne m'écoutent plus. Que dois-je faire ? » Le psychologue invité de l'émission a tenté de la rassurer en lui expliquant la métamorphose que subissent les enfants lors de leur entrée en adolescence. Il a, en outre, démontré que la modernité ne saurait détourner nos enfants des valeurs propres à notre société. Cette parente a exposé des idées qui nous renseignent sur sa méconnaissance des notions élémentaires de la psychologie. Elle n'est pas un cas isolé, loin de là. Selon des idées reçues, les enfants se doivent d'être à l'image de leurs parents. Ces derniers projettent sur eux des aspirations aux antipodes des besoins qu'ils ressentent. Des besoins qui fluctuent en fonction de leur vécu et surtout de leur temps. Dans le cas d'une famille qui favorise la communication et le dialogue parents-enfants, ces attributs de la modernité tels que présentés par l'auditrice – la mode, la parabole, l'Internet – ne sauraient constituer des dangers pour nos jeunes. Il suffit de leur parler et de leur expliquer les méfaits d'un mauvais usage et pourquoi pas entrer dans leur jeu pour mieux orienter cet usage. Regarder la TV avec ses enfants ou consulter l'Internet en leur compagnie peut les aider à relativiser et à prendre ainsi le recul nécessaire pour comprendre les enjeux de ces outils magiques. Non, nos enfants ne doivent pas être coupés du monde environnant : ce serait grave de penser ainsi. Notre devoir d'éducateurs est de les conscientiser par un travail permanent de sensibilisation. La communication est plus que jamais de rigueur. Elle sécurise les enfants et les dote de cette confiance indispensable à l'exercice de leur autonomie. N'est-ce pas là le but de toute éducation ? Cet objectif éducatif (l'autonomie) se confond avec l'aspiration naturelle, mais vitale à tout enfant : devenir soi. Nous touchons de la sorte aux missions sacrées de l'éducateur, parents mais aussi enseignants. En respectant le besoin d'autonomie de l'enfant, nous l'aidons à grandir, à s'épanouir et à s'affirmer dans sa singularité. Vouloir gommer l'individualité (ne pas confondre avec l'individualisme), nous ramène aux pratiques d'endoctrinement et d'embrigadement. En instaurant la dictature de la race, de la classe sociale, de la langue ou de la religion, les régimes totalitaires ont consacré ce genre de pratiques. En démocratie, la communication est reine. Elle commence au berceau et continue tout au long d'une vie. Ce serait dommage que la famille ne soit pas la première école où s'enracinent les vertus et les mécanismes de base de la démocratie. En érigeant la communication au sein de la famille au rang de nécessité, les parents s'acquittent d'un devoir majeur : celui du respect des droits de l'enfant. En guise de conclusion – à ce papier et non au thème abordé –, nous emprunterons à leurs auteurs, cette magnifique gerbe de sagesse pédagogique : L'enfant a droit à la vie mais aussi à sa vie. Il a le droit d'être ce qu'il doit devenir. Le droit de devenir ce qu'il est. A partir de ces droits ainsi formulés, se déterminent les devoirs des adultes : éducateurs, législateurs, politiciens. En un mot, les devoirs de l'homme d'aujourd'hui face à l'homme de demain, l'enfant.