Le 8e Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB), qui se déroulera à partir de dimanche jusqu'au 4 novembre, célèbre cette année des performances de théâtre contemporain. Le 8e Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) se déroulera du 30 octobre au 4 novembre 2016. Il coïncide, comme pour les trois précédentes éditions, avec le Salon international du livre d'Alger (Sila), la plus grande manifestation culturelle du pays. «L'année prochaine, ce problème de chevauchement entre les deux événements sera réglé. Nous allons faire en sorte que le festival se déroule en dehors des dates du Sila», a promis Omar Fetmouche, commissaire du festival, qui a rencontré la presse, mardi 25 octobre, à l'espace M'hamed Benguettaf, au Théâtre national algérien (TNA) à Alger. Le FITB 2016 s'ouvrira avec une parade dans les rues de Béjaïa avec la participation d'échassiers, de marionnettes géantes, de troupes folkloriques et de fanfares. «Nous avons toujours mis en avant l'idée d'occuper les espaces publics. Le festival de Béjaïa s'est intéressé au début aux formes para théâtrales qui se sont développées en dehors du théâtre traditionnel et des espaces conventionnels. Pour nous, la boîte noire a prostitué l'esthétique du théâtre maghrébin, algérien en particulier. Le théâtre de rue est devenu une pratique contemporaine dans le monde entier. Nous nous sommes également intéressés au théâtre et l'architecture. Est-ce que l'architecture des établissements de théâtre répond aux exigences de notre théâtre ? Pour faire la Halqa, Alloula est sorti dans la rue pour retrouver un autre public», a expliqué Omar Fetmouche. Dimanche 30 octobre au soir, et après un concert de l'association Ahbab El Cheikh Sadek Bejaoui et une poésie en hommage à l'écrivain Nabile Farès, le spectacle français Le porteur d'histoires sera présenté au Théâtre régional de Béjaïa lors de la cérémonie d'ouverture. Ce spectacle du Franco-Britannique Alexis Michalik suit l'itinéraire de Martin Martin qui va traverser les siècles et les continents après la découverte d'un étrange manuscrit laissé par son père. C'est également l'histoire d'une femme qui se perd dans le désert algérien. La France est le pays invité d'honneur cette année. «Chaque année, nous appuyons ce festival dont le renom dépasse le cadre régional et qui a donné lieu à de très belles collaborations artistiques. Divorce sans mariage, d'après l'œuvre de Mouloud Feraoun, par exemple, a connu un grand succès dans le Off du festival d'Avignon cet été. La pièce Ibn Battuta de la Franco-Algérienne Elsa Hamnane fut le résultat d'une résidence à Béjaïa. La venue d'Alexis Michalik montre toute l'importance de ce festival», a déclaré Alexis Andres, directeur de l'Institut français d'Algérie (IFA). Il a cité également l'exemple du spectacle Vêpres algériennes, d'après la bande dessinée de Nawel Louerrad (publiée à Alger en 2012 aux éditions Dalimen). Ce spectacle de théâtre dansé a été mis en scène et scénographié par Géraldine Mercier et Nawel Louerrad. Il sera présenté le 3 novembre à Béjaïa. La Suisse sera présente avec le spectacle Gilgamesh qui relève du théâtre épique. Mise en scène par Heidi Kipfer, cette pièce, qui regroupe quatre comédiens, est une production de la compagnie Mezza Luna. «Cette pièce sera présentée le 1er novembre à Béjaïa et le 3 novembre à Alger au palais de la culture Moufdi Zakaria. C'est une pièce théâtrale contemporaine de récente création. Mezza Luna s'est inspirée de la légende de Gilgamesh. C'est un mélange de texte, de musique originale et de chant. Elle a été présentée cet été au théâtre de Lausanne», a précisé Nassima Hammouda, responsable communication et événementiel de l'ambassade de Suisse à Alger. Le théâtre à mille pesos Le Chili marque sa présence à Béjaïa avec un spectacle de la compagnie Theatro Del Silencio créé par le célèbre dramaturge Mauricio Celedon. «Mauricio Caledon aime le théâtre de rue. Il va présenter une œuvre de coopération culturelle triangulaire avec la présence de l'Algérie, du Chili et de la France. Le Chili pratique énormément la coopération culturelle. Chaque mois de janvier, Santiago abrite un grand festival qui s'appelle Theatro a mile. Chaque spectacle coûte mille pesos (1,4 euro). C'est un haut lieu du théâtre chilien. Nous espérons inviter des troupes algériennes pour participer à ce festival qui dure un mois», a déclaré Marcia Covarrubias, ambassadeur du Chili à Alger. L'Irak sera représenté par le spectacle Taoubikh (Blâme) de Anes Abdelsamad, le Qatar par Al Sutane de Salem Al Mansouri, la Turquie par Barbaros de la Modern dance theater d'Istanbul, la Jordanie par Hadhayane ala hamich al massir de Nacer Zaabi, la Tunisie par Au secours de Mohcen Al Adab, l'Egypte par Al khalta sihria de Chadi Al Dali de Masrah Al Hanagar, l'Italie par 15, rue des Arconte de Lucia Falco, le RD Congo par La marmite atavique de Yvon Mwanza Kibawa, la Russie par Picnik du théâtre expérimental de Sotchi, l'Autriche par Grufalo du théâtre Tiptap, la France par Mémoires d'un fou de Sterenn Guirriec et Amour à mère du théâtre de Brest et la Serbie par Journal d'un fou de Marina Dimitrijevic. Plusieurs coopératives algériennes sont présentes au festival de Béjaïa comme Sindjab de Bordj Menaïl avec le spectacle Bouziane Lefhal de Ahcen Azezni, Masreh.Net avec Loures de Djohra Dereghla et Skemla de Bousmaïl avec un spectacle de rue mis en scène par Khaled Belhadj. En plus des spectacles, des débats sont au programme du festival de Béjaïa. Il y a d'abord le colloque sur la thématique du «Théâtre et mythologie en Méditerranée». Durant le colloque, Dominique Wallon parlera du «Théâtre français et la guerre d'Algérie», Nassira Boucherit du «Théâtre de rue», Ali Sayad de «La théâtralité des mythes dans les traditions amazighes» et Farida Aït Ferroukh de «La théâtralité berbère, le cas des performances ritualisées et chantées en kabylie». Une journée sur le théâtre de Mohia sera organisée, le 31 octobre, à la bibliothèque principale de Béjaïa. Le festival rendra hommage à l'écrivain Nabile Farès, décédé fin août à Paris, le 3 novembre au même endroit. Nabile Farès a écrit plusieurs pièces de théâtre comme Histoire de Malika et de quelques autres, La nuit de Benjamin et Corps tombés de guerres obscures. Les spectacles seront également présentés à Amizour, Akbou, Souk El Tnine et aux résidences universitaires d'El Kseur et de Béjaïa.