Le Premier ministre israélien donne la preuve qu'il entend dérouler sa stratégie envers les Palestiniens comme s'il croyait innover, ou faire croire qu'il ferait mieux que tous ceux qui l'avaient précédé à ce poste. Ou encore donner des gages à son nouvel allié, celui que l'on présente comme l'ultra-nationaliste, Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beitenou. C'est-à-dire celui-là même qui, non seulement s'oppose à tout retrait israélien des territoires palestiniens et arabes occupés, mais préconise tout simplement la déportation des Palestiniens vivant dans les territoires occupés. Le colonialisme et le fascisme dans sa forme la plus hideuse n'ont pas fait pire. Et dire que pour moins que cela, le monde s'en est allé dans une quête de mots pour des condamnations sans appel. Il en est ainsi du mouvement palestinien Hamas qui n'a toujours pris pour cible que l'occupant israélien. Avigdor Lieberman, propulsé à la tête des affaires stratégiques israéliennes, va plus loin que toutes les théories raciales, et ce monde qui a l'indignation facile mais toujours sélective brille par son silence, sinon sa complaisance. Même quand Israël tue des femmes et des enfants sans défense. Au canon de char. L'ordre, bien entendu, a été donné sinon assumé par le Premier ministre, Ehud Olmert, qui a fait plus que ses prédécesseurs en si peu de temps. Mais en lançant son armée contre les Palestiniens, il a réussi à refaire l'unité de ces derniers pris en otage par un embargo international qui les privait tout simplement de leurs moyens de subsistance. L'unité se profile pour une nouvelle stratégie dans la lutte contre l'occupant. Et sur ce terrain, les Palestiniens ne manquent pas d'idées pour avoir expérimenté toutes les voies possibles susceptibles d'amener un règlement du conflit du Proche-Orient. Depuis 1993, ils constatent que leur partenaire ne veut pas d'une paix et qu'il ne leur reste plus qu'à en tirer les conséquences. Le projet de cabinet d'union nationale a été cassé en si peu de temps par les Israéliens, amenant le mouvement Hamas à s'y opposer. Que reste-t-il donc ? Se payer de mots ? La question avait été posée du vivant de l'ancien leader palestinien Yasser Arafat. La réponse — démilitariser l'intifadha — donnée par son successeur a été acceptée par les Palestiniens. Sauf que cette fois, la limite semble atteinte, puisque Mahmoud Abbas ne peut plus se contenter d'appels à la communauté internationale qui n'a jamais fait preuve d'une pareille surdité durant ces quarante dernières années.