Une semaine après la mort de Mohcine Fikri au Maroc, la situation commence à s'apaiser. Ce poissonnier a été broyé vendredi dernier dans une benne à ordures, dans la ville d'Al Hoceïma. Toute la semaine des manifestants ont occupé les rues du pays, qui accueillera la COP22 lundi prochain à Marrakech. «Ce qui s'est passé à Al Hoceïma est un crime inqualifiable, inhumain, je n'ai pas de mots pour qualifier la situation que nous avons atteinte au Maroc. Nous sommes devenus pires que des déchets humains !» commente, sur le réseau social facebook, l'écrivain marocain Moha Souag. Hier, le parti nationaliste Istiqlal a réagi à propos de l'affaire de Mohcine Fikri à travers un communiqué, qui appelle à la «pondération» et à la «retenue». Le parti Istiqlal a appelé à «démêler les ficelles entrelacées de cette affaire» pour établir «les circonstances exactes de la mort de Mohcine Fikri» et limiter «le risque d'instrumentalisation de cette affaire par d'autres partis», tout en insistant sur «l'importance de l'avancement de l'enquête sur ce terrible incident» pour répondre «aux questions brûlantes qui préoccupent l'opinion publique» et qui ont poussé «des dizaines de milliers de personnes à sortir dans la rue pour exprimer leur colère». La mort de Mohcine Fikri, un vendeur de poissons écrasé par le mécanisme de compactage d'une benne à ordures après la confiscation de sa marchandise par la police, avait poussé des milliers de Marocains à manifester dans plusieurs villes du pays depuis dimanche 30 octobre. «Les Marocains ont démontré qu'ils pouvaient être en colère et manifester dans le calme, sans mettre à feu et à sang leurs villes. Ce n'est pas l'Algérie», explique Nidam Abidat, politologue tunisien et spécialiste du Maghreb. Enquête «Le Maroc a une société civile active et organisée, c'est un bel exemple pour les pays voisins», conclut Abidat. Les funérailles de Mohcine Fikri, 31 ans, ont eu lieu le même jour à Al Hoceïma. Des milliers de personnes y avaient pris part. Au Maroc, les autorités ont annoncé l'arrestation de onze personnes dans le cadre de l'enquête sur le décès de Mohcine. Les accusés ont été déférés devant le juge d'instruction. Parmi les personnes interpellées, il y a des fonctionnaires locaux du ministère de la Pêche et des agents du ministère de l'Intérieur qui ont été présentés à la justice. Des interpellations qui ont permis de détailler la chaîne de responsabilité dans le drame de vendredi 28 octobre à Al Hoceïma. Les premiers résultats de l'enquête montrent qu'il s'agit probablement d'un accident ; en tout cas, le parquet a insisté sur ce point. Et cela pour couper court aux rumeurs qui avançaient qu'un agent de l'autorité aurait volontairement ordonné d'actionner le mécanisme de compactage. Par ailleurs, l'enjeu pour les autorités marocaines aujourd'hui, c'est bien sûr de mettre fin à cette crise, à quelques jours de l'ouverture de la COP22, lundi 7 novembre à Marrakech.