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Peut-être que mon écriture est accessible parce que je suis trop fainéant pour aller chercher de belles tournures de phrase ! Akram El Kebir. Journaliste et écrivain
Dans Vivement septembre, paru aux éditions Apic Algérie, Akram El Kebir nous permet de déambuler à côté de son personnage Wahid. Parfois, on se perd dans les pensées des deux. Une échappée belle dans des situations que l'on vit, notamment la solitude. Croire qu'on connaît un auteur parce qu'on l'a rencontré au SILA est une aventure hasardeuse. Ne vous fiez pas au titre, lisez le double livre d'Akram El Kebir. - Vivement septembre, votre dernier roman paru aux éditions Apic, décrit la vie de Wahid, le personnage principal de votre livre. Un récit qui se narre comme on regardait Bridget Jones ? Pourquoi pas. Quoique Vivement septembre ne relève pas du journal intime. Certes, le personnage finit par pondre un roman, mais il le fait en traînant les pieds, sans trop y croire, poussé par son amie. Pour avoir la paix et ne pas subir les remontrances de son amie à longueur de semaine, il a fini par accepter de s'essayer dans l'écriture. Mais si cela ne tenait qu'à lui, il serait resté chez lui à se rouler les pouces. - D'ailleurs, on a l'impression que le livre que va écrire Wahid devient le centre de votre histoire... Exactement, à vrai dire, l'idée du livre qui est à l'intérieur du livre, je l'ai eue en premier. Je l'ai écrite assez rapidement et l'ai laissée croupir dans les tiroirs quelques mois, voire quelques années. J'en suis arrivé au point de l'avoir complètement oublié, quand un beau jour il s'est rappelé à mon bon souvenir. J'ai été vraiment déçu par cette histoire après l'avoir écrite, car j'avais l'intention de l'écrire tout autrement. Il s'agit en fait de l'idée d'une nouvelle que j'ai eue il y a une dizaine d'années de cela, celle d'un personnage qui décide de se suicider par curiosité. Trop impatient de mourir pour savoir ce qu'il y a dans l'au-delà, il veut se donner la mort juste pour satisfaire sa curiosité maladive. Cette idée m'avait un peu amusé, et je voulais en faire une nouvelle en la truffant d'humour noir. Finalement, trop fainéant, je ne me suis jamais vraiment mis au travail. Puis, en décidant de m'y mettre, en 2012 ça a donné le livre qui est à l'intérieur du livre. Il y a certes la séquence du suicide, mais l'histoire a tout de même pris une tout autre direction que celle que j'avais envisagée au début. Je l'ai alors complètement abandonné, quand un beau jour l'idée m'est venue d'écrire une autre histoire dans laquelle j'engloberai la première. La trouvaille était celle-là : créer un personnage névrosé et lui faire écrire un roman, puis proposer ce roman à l'intérieur du livre. cet exercice m'avait assez plu dans le chapitre 11 où Wahid imagine son histoire, prend des notes, le peaufine et puis au chapitre suivant on voit la finalité de son travail. - Wahid travaille dans le secteur des médias, il est correcteur. Vous décrivez parfaitement sa solitude, pourtant il a une amie. Pourquoi s'est-il isolé au point d'oublier ses réflexes ? D'une manière générale, j'aime bien les livres ou les films où le personnage principal est très solitaire, où on ne voit pratiquement que lui à longueur de scènes (aller au marché seul, prendre un café dehors seul, rentrer chez lui où il habite seul, dormir seul, etc.). Rapidement, cela crée une certaine familiarité et on s'attache bien plus à ce personnage que s'il était tout le temps accompagné d'une bande de potes. Concernant la solitude du personnage et le fait qu'il vive en marge de la société, c'est surtout à son métier qu'il le doit : il a certes commencé sa carrière en corrigeant des articles de presse, mais au commencement de l'histoire il travaillait pour son propre compte en corrigeant des livres d'auteurs ou des thèses d'étudiants. Aussi, il m'était très aisé de le faire vivre en marge de la société. Au-delà de sa solitude, Wahid est aussi un gars névrosé. En ce qui concerne ce volet, j'ai sûrement été très influencé par les films de Woody Allen, un cinéaste dont je suis très fan. J'aime la façon qu'il a de faire des films très drôles, mais avec des thèmes très tristes, où les personnages sont atypiques et névrosés et se prennent la tête pour des broutilles. Finalement, mêler le rire et le triste est un exercice qui me plaît. Maintenant, ai-je réussi dans ce livre à ressortir cela, c'est une autre affaire ! - La solitude de Wahid est un sentiment partagé par de nombreux jeunes aujourd'hui. Que pensez-vous de cet isolement dont certains usent pour fuir la société ? Je pense qu'il y a différents types de solitudes et celle de Wahid est plutôt une douce solitude. Une solitude qu'il a lui-même choisie comme mode de vie, une solitude à laquelle il peut remédier quand il veut, alors que la solitude de Ali Slimane, le personnage du livre de Wahid, est, elle, une solitude vraiment terrible, insupportable, suffocante. Toutefois, il faut reconnaître que l'acte de les décrire dans un livre, - surtout la solitude de Ali Slimane - est assez plaisant. - L'écriture que vous proposez est limpide et accessible ; en tant qu'écrivain, vous la situez dans quelle catégorie ? Aucune idée ! Je pense tout de même que j'écris un peu mieux qu'au temps où j'avais écrit le roman N'achetez pas ce livre, c'est une grosse arnaque, mais ce n'est pas une référence non plus, à cette époque-là j'écrivais vraiment très mal. Peut-être que mon écriture est accessible parce que je suis trop fainéant pour aller chercher de belles tournures de phrases (rires). En tout cas, je ne me suis jamais posé la question quant à savoir dans quelle catégorie on peut me placer. - Vous avez participé à la 21e édition du SILA ; quelles ont été les impressions de vos lecteurs ? Comme la sortie de ce roman a été annoncée au préalable, notamment sur les réseaux sociaux, il y a eu certes un petit engouement les premiers jours du salon, où les gens sont venus acheter le livre. Les gens l'ont certes acheté, mais je ne sais pas s'ils ont commencé à le lire ou pas. - Les maisons d'édition hésitent à faire publier de jeunes auteurs, elles préfèrent miser sur des noms connus. D'autres, au contraire, parient sur les jeunes plumes. Pensez-vous que ça a changé depuis quelques années ? Je pense aujourd'hui, au vu de la multiplication des maisons d'édition chez nous, qu'il y a plus de possibilités aux jeunes auteurs de se faire publier. Simplement, il faut juste qu'il s'arme de patience, car la publication d'un ouvrage, quand bien même il a été accepté par l'éditeur, prend parfois plusieurs mois. Cela dit, je constate aujourd'hui qu'il y a visiblement beaucoup de gens qui ont du talent pour créer des histoires, inventer des personnages, qui ont le sens de la réplique et qui parfois ont beaucoup d'humour, mais dont l'idée ne les effleure même pas de se lancer dans l'écriture. C'est cela qui est dommage !