Commencer à créer à dix-sept ans, c'est bien. Mais réussir à publier à vingt ans, c'est encore mieux. Etant donné que le mieux est l'ennemi juré du bien. Lorsque nous lui avons demandé lequel des deux prime sur l'autre : l'écriture ou les études ? Il nous répond presque sans tergiversation, avec un sourire malicieux: l'écriture. C'est que, chez Akram Kebir, le noble acte d'écrire transcende pratiquement tout autre acte. Et désormais, tout est clair dans sa tête « écrire tout d'abord, puis...on verra...». Son échec à l'examen du baccalauréat, en juin dernier, n'a fait qu'accentuer son amour pour l'écriture, la création. Oui, la création. Commencer à créer à dix-sept ans, c'est bien. Mais réussir à publier à vingt ans, c'est encore mieux. Etant donné que le mieux est l'ennemi juré du bien. Né en 1984, l'histoire de ce jeune écrivain oranais avec l'écriture a commencé avec les livres. Et Dieu sait combien la lecture servi de tremplin dans la carrière des écrivains. On connaît l'histoire de cet autodidacte, qui plus est, auteur de l'Espoir, pour devenir quelque temps après ministre de la Culture français. On entend parler d'André Malraux. C'est, en effet, la lecture qui a fécondé l'esprit de Akram Kébir. C'est la tradition : chaque écrivain doit avoir un maître à penser qui lui servira autant de repaire que de repère. C'est en quelque sorte la création d'un autre père. Symboliquement, le parrain qu'on ne connaît que de par sa pensée. Akram a commencé donc sa petite aventure en lisant François Cavana. «Quand j'ai commencé à écrire c'était en 2001, parce que...je ne sais...à cette époque-là j'aimais beaucoup un auteur français, il s'appelle François Cavana ! Je l'ai adoré...j'avais aussi quelques livres de chevet...c'est à cette époque-là que je prenais goût à l'humour, pour la dérision...». L'humour est donc son «truc». Quoiqu'il sait aussi bien que chacun, qu'il n'existe pas d'art aussi difficile, aussi compliqué à «pratiquer» que celui de faire rire. L'humour, la dérision. Cela demande des pouvoirs magiques, voire énigmatiques. Akram ne parle pas de dérision ou de comédie, mais de non-sérieux. «La lecture de Cavana m'a énormément inspiré. Dès que je l'ai lu, je me suis tout de suite dit: pourquoi ne pas m'essayer?» Akram Kébir parle de ses premiers «jets» d'encre, comme on parle de son premier amour : avec tendresse, nostalgie mais sans regret. Sans regret, car l'acte d'écrire a, désormais, pris la place de son ombre. « Et c'est là où j'ai commencé à écrire le premier livre intitulé «Histoire d'en rire». Il n'a pas été édité mais imprimé seulement. » Et puis, par la suite «j'ai écrit d'autres livres dont quelques romans et quelques recueils de nouvelles». A vingt ans, Akram connaît déjà quelques bribes de tous ces tracas dont souffrent les écrivains. Il faut d'abord avoir l'idée, la coucher sur le papier et ensuite...viendra la course effrénée derrière les éditeurs. Serai-je édité? Notre jeune écrivain ne s'est pas posé cette question, mais elle est venue à lui presque d'elle-même. Le livre pour qu'il se publie, ça prend du temps. «Pour trouver un éditeur...il te faut des luttes acharnées. Une fois trouvé, il faut s'armer d'une grande patience.» Patience! ça sera bientôt fini. Mais, hélas! ceci n'est jamais arrivé dans les annales de l'histoire de la littérature. On ne termine un roman que pour se jeter, corps et âme, dans un autre. «Le temps que mon livre soit accepté, soit quelque chose comme une année, je ne reste pas les bras croisés, mais je dois travailler sur un autre.» «Une fois qu'on termine un livre on se dit que rien n'est encore fait» En tout et pour tout, Akram a écrit une dizaine de livres. Et le reste est à venir. Son dernier-né porte un titre pas comme les autres. Il est bizarre et assez particulier. Jugez-en : N'achetez pas ce livre...c'est une grosse arnaque !!! (paru chez les édition Dar El Gharb en 2002). «Pour ce livre-là, il m'arrive même de le relire.» Pourquoi ce titre? «Lisez tout d'abord le roman et vous comprendrez le titre après». «En fait, j'ai voulu pousser l'humour à l'extrême. Je me suis toujours dit : il faut que j'écrive un livre drôle. Et puis le titre est venu tout seul. Le titre est aussi une «provoc». Lorsqu'on voit le titre, une curiosité nous pousse à acheter le livre et le lire.» Quand on parle cinéma, Akram Kébir cite tout de suite le nom de la star hollywoodienne Woody Allen. Un cinéaste maniaque, dépressif, paranoïaque, psychotique, en somme il incarne tous les défauts. «J'ai une admiration sans bornes pour cet homme, j'adore ses films. J'adore ses personnages psychotiques, à mon avis il n' y a pas un auteur plus drôle que lui. C'est toujours avec un grand plaisir que je lis ses livres et que je regarde ses films. Il y a plein d'énergie là dedans, plein de répartie. Il a incarné une nouvelle philosophie. Il joue toujours l'anti-héros. J'aime bien le mélange de tout ça». Et après Woody Allen, quel est le rêve qui taraude le plus ce jeune écrivain, qui deviendra certainement grand? «Ecrire un livre tragique. J'aimerais bien le faire». C'est pour quand? «C'est pas d'actualité» Une réponse sèche, d'un humoriste qui promet beaucoup. Un jour, on entendra, sans coup férir, parler de lui.