Le chanteur kabyle Lounès Kheloui, décédé jeudi à l'âge de 66 ans des suites d'un trouble respiratoire, a été enterré hier dans son village natal Tadarth Thamoukrant, dans la commune de Tizi Ouzou. Il repose désormais sur sa propriété privée, selon ses vœux. Des centaines de personnes ont tenu à l'accompagner à sa dernière demeure. Une délégation officielle a fait le déplacement pour assister aux funérailles et présenter ses condoléances à la famille de l'artiste disparu. Il s'agit du ministre de la jeunesse et des sports, Ould Ali El Hadi, du représentant du ministre de la culture Bendamèche Abdelkader et du wali de Tizi Ouzou, Mohamed Bouderbali. Plusieurs chanteurs ont aussi rendu un dernier hommage au fils de la région d'Ihasnaouène. On peut citer entre autres, Lounis Ait Menguellet, Medjahed Hamid, Ali Méziane, Belaid Tagrawla, Lounès Mohand Ameziane, Yasmina, Louiza, Hassène Ahrès, Mekhlouf, Guerbas, Dahmani Belaid, Boualem Bougassem. « Lounès Kheloui est l'un des piliers de la chanson kabyle. Il a son propre style et une voix particulière. Sa mort est une grande perte pour le monde artistique. Je l'ai connu à Paris en 1979, à l'occasion d'un gala au Chapito. Il est toujours resté intègre, fidèle à ses convictions et à sa carrière », dira Lounis Ait Menguellet. Des hommes du village qui se sont mobilisés pour la circonstance ne tarissent pas d'éloges sur la personnalité et le parcours artistique de leur idole. « Lounès Kheloui a toujours vécu parmi son peuple, loin des feux de la rampe. Il est respecté par tout le monde », témoigne un membre du comité de village. Le « Cheikh » comme le surnommait Matoub Lounès est prophète en son pays, en témoigne la déferlante humaine qui a pris d'assaut les ruelles étroites de Taddart Tamoukrant. « Adieu l'artiste et merci », lit-on sur une pancarte portée par une fille habillée en robe kabyle. Une poétesse fond en larmes à l'arrivée du convoi mortuaire à la placette du village où a lieu la prière du mort. « Il aidait beaucoup les jeunes qui le sollicitaient pour un travail artistique ou un simple conseil ». L'émotion se lit sur les visages. Les sapeurs pompiers qui transportent le cercueil drapé de l'emblème national ont du mal à se frayer un passage vers le cimetière. Lounès Kheloui a eu droit à de belles funérailles. Né le 14 mai 1950, le défunt affiche près de 40 ans au compteur. Virtuose du mandole, il enregistre plusieurs albums. Il chante la vie, l'amour, l'exil, la solitude. Il est l'un des rares chanteurs algériens à avoir le privilège d'être reçu par le grand maitre du chaâbi, Cheikh El Hasnaoui, dans son exil. Il vouait d'ailleurs un grand respect à son idole de tous les temps avec qui il avait échangé des correspondances qu'il gardait précieusement, nous confiait t-il à l'occasion d'un récent hommage. «Il m'a beaucoup inspiré. J'apprécié également Slimane Azem, Allaoua Zerouki et Arab Bouyazgarène. Des piliers de la chanson kabyle», professait Lounès Kheloui. Il rejoint le panthéon…