Thaddarth Thamokrant a enterré hier son fils dans une ambiance faite d'émotion et de recueillement. Ils étaient des milliers à venir à ce village situé à Ihasnaouen, près de la ville de Tizi Ouzou pour accompagner leur idole à sa dernière demeure. Lounès Kheloui, le grand artiste que les gens appelaient Cheikh Lounès a été inhumé, hier, au cimetière de son village en présence d'un grand nombre d'artistes venus lui rendre un dernier hommage. Dès les premières heures de la journée, le chemin qui mène vers Taddarth Thamokrant devenait de plus en plus fréquenté. Des processions d'hommes et de femmes de tous âges ont en effet commencé à affluer vers la maison du cheikh pour se recueillir et jeter un dernier regard sur ce grand poète qui les a bercés durant plusieurs décennies. La maison ne pouvait plus contenir autant de monde et vite le village sera débordé par les arrivants. La route vers le cimetière s'encombrait de plus en plus. A midi, les processions s'unifiaient pour n'en former qu'une seule, plus grande, très grande. Ils étaient des milliers à accompagner le défunt à sa dernière demeure. En fait, l'enterrement de l'incontestable cheikh de la chanson chaâbie kabyle a vu un grand nombre d'artistes venir lui rendre un dernier hommage. La présence du ministre de la Jeunesse et des Sports était fortement remarquée par ailleurs. Accompagné du wali de Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi est venu rendre hommage à un homme que la Kabylie apprécie au plus haut point. Lounès Kheloui est mort à l'âge de 66 ans. Né dans ce village proche de la ville de Tizi Ouzou et qui a gardé son authenticité kabyle au plus haut degré, le chanteur s'est vite découvert la vocation de poète puis de chanteur. Inspiré par son aîné, né non loin de là, à Ihasnaouen comme lui, le grand cheikh El Hasnaoui, cheikh Lounès prendra son bâton de pèlerin pour aller très loin dans la chanson et la poésie. Il obtient d'ailleurs l'assentiment des Kabyles à ses premières compositions. C'est déjà dans les années 1970 que cheikh Lounès commença à conquérir les coeurs. La sortie de son album Afrokh, en 1982 constitue alors la consécration. Depuis ce temps, et durant les décennies 1980, 1990 jusqu'à la terrible date du 3 novembre, Lounès Kheloui a enchaîné les succès. Ses fans ne se comptaient plus. Ils étaient la jeunesse d'aujourd'hui, les jeunes de son époque qui se remémorent leur enfance et leurs souvenirs dans ses poèmes. Suite à une maladie pulmonaire qui l'a contraint à s'éloigner quelque peu de la scène, Cheikh Lounès a été hospitalisé plusieurs fois ces derniers mois. Sa maladie, nécessitant un transfert vers l'étranger, n'a pas pu être soignée. Il rendra l'âme avant de décrocher la décision de son transfert. Notons enfin que le chanteur a terminé l'enregistrement d'un album dont la sortie étaient proche pour égayer ses fans. Mais le sort en a voulu autrement. Toutefois, ceux qui, très nombreux d'ailleurs, l'aiment attendront toujours la sortie de cet album posthume. C'est dire que Lounès Kheloui n'est pas mort, il est juste parti rejoindre son aîné, enfant de son patelin, cheikh El Hasnaoui.