La culture algérienne est en deuil. Le chantre de la chanson populaire kabyle, Lounes Kheloui, n'est plus. Il s'est éteint jeudi à l'aube, à l'âge de 66 ans, au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou, où il avait été hospitalisé en urgence cette semaine, et ce, après avoir lutté de toutes ses forces contre une fibrose des poumons, une grave maladie respiratoire qu'il traîne depuis 2009. L'annonce de son décès est tombée tel un couperet dans le milieu artistique et une foule nombreuse s'est inclinée jeudi à la mi-journée sur sa dépouille mortelle exposée à la maison de la culture Mouloud-Mammeri avant d'être transférée vers son domicile familial sis au Lotissement "Sud-Ouest" de Tizi Ouzou pour la veillée funèbre. Durant toute la soirée, la demeure de l'artiste avait bien du mal à contenir une foule immense venue des quatre coins de Kabylie et d'autres régions d'Algérie pour s'incliner à la mémoire de cet artiste populaire. Ses amis et ses fans garderont de lui l'image d'un "fils du peuple" et un homme au grand cœur, lui qui participait à tous les galas de solidarité pour lesquels il était convié par des associations humanitaires et caritatives. Rabah Ouferhat, chanteur bien connu et président du syndicat des artistes de la wilaya de Tizi Ouzou, avait du mal à contenir ses larmes. "Nous avons tout essayé pour obtenir une prise en charge pour des soins à l'étranger, mais cette dernière n'est malheureusement parvenue que mercredi passé, soit à la veille de son décès, car son cas s'est subitement aggravé", dira-t-il. De son côté, le chanteur Kaci Abderahmane soulignera les qualités humaines de Kheloui Lounes même s'il estime que "l'on ne doit pas attendre le décès d'un artiste pour se souvenir de lui et essayer de l'aider. On aurait bien aimé qu'il soit pris en charge à temps, mais malheureusement, il est parti très vite et certainement trop tôt. Qu'il repose en paix maintenant". Par ailleurs, dans un message de condoléances adressé à la famille de Kheloui Lounes, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a salué "un artiste qui s'est inspiré des géants de la chanson algérienne d'expression amazighe, notamment Cheikh El-Hasnaoui qui était son plus grand repère dans la chanson", tout en s'inclinant à "la mémoire d'un homme qui s'est distingué par sa modestie et sa générosité en acceptant notamment de se produire dans des concerts caritatifs". Kheloui Lounes aura eu droit, hier après-midi, à des obsèques grandioses en son village natal de Tadert Tamoqrant dans le douar d'Ihasnaouène près de Tizi Ouzou, où une véritable marée humaine a tenu à lui rendre un dernier et vibrant hommage, et ce, en présence d'autorités officielles telles que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hadi Ould-Ali, et le wali de Tizi Ouzou, Mohamed Bouderbali, ainsi que de nombreux artistes bien connus, tels qu'Ali Ideflawen, Yasmina, Arezki Moussaoui, Hacène Ahrès, Ali Méziane, Belaïd Tagrawla et Lounis Aït Menguellet qui n'ont pas tari d'éloges sur les qualités humaines et artistiques du regretté Lounes Kheloui, qui laissera derrière lui une dernière œuvre inachevée de quatorze chansons dont le mixage a été bouclé le 20 octobre dernier comme ont tenu à témoigner ses proches et ses amis. Adieu l'artiste ! K. Tighilt