Indigènes de R. Bouchareb, que le public tunisois cinéphile et toujours avide de nouvelles œuvres et de nouveaux talents attend avec impatience, ouvrira les JCC 2006 au cinéma Colisée de Tunis le 11 novembre : côté programme, le festival sera dirigé cette année par Férid Bouhdir et s'achèvera le 18 novembre, avec la lecture du palmarès par le président du jury Elias Khoury, le romancier libanais bien connu. Toutes les années paires à la même période, les JCC, véritable encyclopédie arabo-africaine du cinéma, ramènent sur la charmante artère centrale de Tunis, l'avenue Bourguiba, des cascades d'images du nord au sud du continent et du fin fond du monde arabe, une flopée de stars (on a souvent croisé Leïla Aloui dans ses rondeurs impressionnantes), des tourbillons de boubous venus de Bamako ou de Harare. Tunis pendant une bonne semaine est en prise directe avec le 7e art : conférences, colloques, festivités, signes d'amitié entre les participants bardés de badges et qui ne ratent pas le moindre ruban de pellicule… ni les réceptions qu'on organise dans les palais de la Médina. L'Algérie est le premier pays cité au générique du Festival de Carthage. Il faudra observer de plus près la réaction du public au beau film de Djamila Sahraoui : Barakat, en compétition pour le Tanit d'or. Cette chronique juste d'un pays en rupture, mise en scène avec brio, avec Rachida Brakni et Fettouma Bourmari, deux caractères forts, vifs, rapides, justifie pleinement sa sélection pour représenter dignement le cinéma algérien. Un film singulier et inattendu, Bamako, réalisé par le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, c'est la surprise des JCC cette année. C'est aussi un constat inquiétant de la situation économique de l'Afrique, puisque Bamako analyse avec un intense réalisme le travail du FMI et de la Banque mondiale et tire la conclusion que l'approche de ces deux institutions de la situation africaine est très néfaste. Les JCC sont guidées par le souci de montrer les meilleures productions récentes du côté africain, comme aussi Daratt, la saison sèche primé à la Mostra de Venise, réalisé par le Tchadien Mohamed Salah Haroun, et du côté arabe, comme Dunia de la Libanaise Jocelyne Saâb, Attente du Palestinien Rachid Mashraoui, Relations publiques du Syrien Samir Zikra et Awqat Faragh de l'Egyptien Mohamed Mustapha. Evènement national et international, culturel (la sélection tunisienne est en cours), les JCC s'ouvrent cette année à l'Asie et l'Amérique latine.