Un projet pilote de dépistage du cancer colorectal et de sensibilisation contre les cancers sera lancé à la fin de l'année en cours ou au début de janvier 2017 dans les communes de Souk El Tenine, d'Amizour et probablement d'Adekar, dans la wilaya de Béjaïa. Cette opération sera dirigée par le Centre hospitalo-universitaire de Béjaïa (CHU), en collaboration avec la faculté de médecine. Elle s'inscrit dans le cadre du Plan national anti-cancer 2015-2019, élaboré et suivi par le Pr Messaoud Zitouni, qui fixe comme priorités «la prévention et le dépistage précoce de la maladie», entre autres objectifs qui répondent à la prise en charge médicale et sociale des malades. Selon les chiffres révélés par le centre de registre du cancer, le cancer colorectal est la maladie qui touche le plus d'hommes et de femmes dans la wilaya, avec plus de 58 nouveaux cas par an sur les 818 malades recensés en 2014. Le coordinateur du réseau du registre du cancer de la wilaya de Béjaïa, le Dr Medkour Aïssa, a indiqué que «l'incidence du cancer dans la région représente une moyenne de 24 cas par 10 000 habitants». Chez la femme, le cancer du sein est la pathologie la plus répandue avec 163 nouvelles patientes. Le registre des cancers fait également état de la propagation du cancer de la trachée et du poumon, surtout chez les hommes avec 56 cas par an. Le Dr Medkour insiste sur le fait que ces chiffres de l'année 2014 ne sont pas définitifs «puisqu'il reste encore au moins 10% des sources d'information à exploiter». Il prévoit, à la clôture de la même période, que le nombre de cancéreux dépassera les 1000 personnes. «D'ici début janvier, nous aurons terminé avec la formation des praticiens et acquis les équipements nécessaires afin d'engager l'opération de dépistage de cette maladie», informe le Pr Danone, directeur du CHU. La wilaya de Béjaïa, qui présente une prédisposition scientifique et humaine dans ce domaine, a été choisie au même titre que les wilayas de Laghouat et Constantine pour lancer cette opération. Des équipes de généralistes, d'oncologues, d'épidémiologistes et d'infirmiers seront dotées d'un plateau technique composé de plusieurs appareils afin de procéder au dépistage. Pour ce faire, le CHU s'appuiera également sur les structures de santé des communes citées, mais aussi sur l'apport non négligeable des acteurs associatifs, assure le Dr Mazouzi, coordinatrice du projet, qui ajoute que «le but c'est de toucher les personnes dont la tranche d'âge oscille entre 50 et 74 ans, qui habitent les zones isolées et qui sont susceptibles de présenter des lésions précancéreuses qu'on prendra en charge précocement». Le volet sensibilisation consistera à expliquer les facteurs de risque, connus par tous, et qui sont l'alimentation, l'obésité et le tabagisme, entre autres facteurs relatifs à la génétique. A Amizour, à titre d'exemple, l'association Tudert d'aide aux malades cancéreux accompagnera l'initiateur de cette action de prévention dans les villages lointains de la commune. Selon un vice-président de l'association, Kernou Riad, «plus d'un millier de personnes seront ciblées par cette opération dans laquelle l'association mettra ses bénévoles et ses deux ambulances à contribution pour appuyer l'équipe médicale du CHU». M. Kernou ajoute : «Nous allons profiter également de cette opération afin de sensibiliser les villageois contre le cancer, les encourager à effectuer ce dépistage, expliquer son importance et les encourager à se rapprocher de notre association pour qu'ils puissent bénéficier de tout ce que nous offrons comme aide.»