Depuis Dakar, le souverain alaouite a encore évoqué la réintégration du Maroc à l'Union africaine. Pour s'adresser à «son peuple» et s'attaquer à l'Algérie, sans la nommer un instant, le roi du Maroc a choisi Dakar. C'est à partir de la capitale sénégalaise que le souverain alaouite a réitéré la volonté de son pays de réintégrer l'Union africaine. Quitte à s'asseoir à la même table que les représentants du Sahara occidental. «La réintégration par le Maroc de l'Union africaine n'est pas une décision tactique, pas plus qu'elle n'obéit à des calculs conjoncturels. Elle est plutôt l'aboutissement logique d'une réflexion approfondie», a ainsi indiqué, dimanche soir, le souverain marocain dans un discours prononcé à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la «marche verte» qui a permis aux troupes du royaume d'occuper le Sahara occidental en 1975. Cette démarche «nous permettra de défendre nos droits légitimes et de corriger les contrevérités colportées par les adversaires de notre intégrité territoriale, notamment au sein de l'organisation africaine», a-t-il indiqué, dans une allusion claire à l'Algérie. Le monarque, qui a superbement ignoré les manifestations en cours dans son pays, n'a pas cité un instant l'Algérie. Mais il lance un défi à une partie qu'il ne nomme pas. «Le Maroc dispose d'une majorité écrasante pour occuper son siège au sein de la famille institutionnelle africaine», a assuré à ce propos Mohammed VI. «Et lorsque nous annonçons notre retour, nous ne demandons la permission de personne pour obtenir notre droit légitime», a-t-il encore ajouté, ignorant que s'il y a un obstacle à cette réintégration, c'est la Charte de l'Union africaine qui interdit à chaque membre de conditionner son entrée par la mise à l'écart d'un autre. Pis, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) fait partie des membres fondateurs de l'organisation panafricaine. Un statut qui la prémunit de toute possibilité de quitter l'UA. Devant l'impossibilité d'évincer les Sahraouis, le roi du Maroc semble accepter le fait accompli. Il n'exclut pas de partager la table avec les Sahraouis. Il admet d'ailleurs que ce retour «ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara». «Il nous permettra plutôt de défendre nos droits légitimes et de corriger les contrevérités colportées par les adversaires de notre intégrité territoriale, notamment au sein de l'organisation africaine», a accusé le souverain, promettant de «contrecarrer leurs manœuvres». Là encore, l'Algérie est visée. Le Maroc avait déjà affiché ses intentions de réintégrer l'Union africaine au mois de juillet dernier. Rabat, qui a quitté l'organisation panafricaine en 1984 en protestation à l'admission, la même année, de la RASD, veut retrouver sa place. Mais elle se heurte à la Charte de l'organisation panafricaine qui fait de la République sahraouie un membre à part entière. Ce qui oblige le Maroc à siéger avec le mouvement indépendantiste s'il veut réintégrer l'Union africaine.