Le Maroc va-t-il aller à l'encontre de sa doctrine diplomatique, qui stipule qu'il ne siègera pas aux côtés de la RASD, qui a rejoint l'UA en 1982, en introduisant une demande de réintégration au sein de l'Union africaine ? À en croire des informations publiées par le quotidien Akhbar Al Yaoum, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Salaheddine Mezouar, prépare la réintégration du royaume au sein de l'Union africaine, qu'il a quittée en 1984. Pour rappel, Rabat refusait de siéger aux côtés de la délégation de la République arabe sahraouie démocratique, qui avait été admise au sein de l'instance panafricaine en 1982. Une chose est sûre, plusieurs médias marocains font état d'une activité diplomatique accrue du ministre marocain des Affaires étrangères préparant le retour du royaume alaouite à l'UA. Il est même question que ce retour devrait intervenir à l'occasion de ce 27e Sommet de l'organisation, qui se tient les 17 et 18 juillet à Kigali, au Rwanda. Pour appuyer cette information, la presse marocaine fait état de la tournée africaine du chef de la diplomatie marocaine, qui aurait servi à préparer le terrain à cette option. On apprend ainsi que Salaheddine Mezouar s'est rendu dans cinq Etats africains en une semaine. Il s'git de la Libye, l'Egypte, la Tunisie, l'Ethiopie et le Soudan. Dans des déclarations au quotidien londonien arabophone Asharq Al Awsat, Salaheddine Mezouar avait affirmé que ces pays lui ont proposé, justement, le retour du Maroc au sein de l'organisation continentale africaine. Il a également précisé que "des pays amis africains et musulmans ont appelé le Maroc à réintégrer l'Union africaine", tout en ajoutant que le "Maroc doit répondre à ces appels lorsque les conditions sont réunies". Par ailleurs, le directeur du pôle du renseignement marocain DGSN-DST, Abdellatif Hammouchi, et le patron de la Direction générale des études de la documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri, se sot rendus au Rwanda le 6 juillet pour y rencontrer le président Paul Kagame, dont le pays est l'hôte de ce sommet de l'Union africaine. Le roi du Maroc avait accueilli Paul Kagamé les 20 et 21 juin. Il est même question, selon le quotidien français Le Monde, qui cite une source marocaine autorisée, que Rabat "déposerait sa candidature pour rejoindre l'UA, en réponse à l'appel amical de plusieurs pays africains. Le sommet de Kigali sera le point de départ de la procédure". D'après le site internet marocain 360.ma, connu pour être proche du Palais royal, Mohammed VI s'apprête à visiter Kigali avant même le début du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains. Il n'en demeure pas moins que le porte-parole du gouvernement marocain a déclaré, jeudi 14 juillet, "qu'aucune décision n'a été prise à ce sujet". Ceci étant, la question d'un retour du Maroc au sein de l'Union africaine semble d'actualité au Maroc. Reste à savoir si le royaume chérifien est disposé à cohabiter avec la République arabe sahraouie démocratique, principale cause de sa sortie de l'instance africaine, d'autant plus que tous les analystes s'accordent à dire que ce serait contraire à la doctrine diplomatique marocaine refusant l'existence même de l'Etat sahraoui. S'agit-il d'un simple ballon de sonde de Rabat ? Une chose est certaine, c'est qu'il n'y a pas de fumée sans feu et toute l'agitation de la diplomatie marocaine n'est pas fortuite. Merzak Tigrine