La formation de la ressource humaine est une opération stratégique mais coûteuse pour les entreprises. Profitant de l'essor des nouvelles technologies de la communication une voie s'ouvre pour affiner les compétences. Mieux ciblé, plus rationalisé, attractif et rentable, le e-learning a fait son chemin pour assurer une complémentarité «intelligente» au processus de formation en présentiel. A l'hôtel Sofitel, hier, un forum sur le e-learning a révélé l'intérêt affiché par les DRH des entreprises pour cette formule. A l'ère de la quête obsessionnelle de la compétitivité, la formation de la ressource humaine est devenue une option stratégique. Coûteux en moyens logistiques, financiers et en temps de disponibilité, les projets de formation sont de véritables casse-têtes pour des DRH tenus de balancer entre la qualité de l'offre et sa pertinence, son prix et les moyens mis à leur disposition par les entreprises. Depuis une quinzaine d'année et grâce à l'essor des nouvelles technologies de la communication, un nouveau marché combinant entre les modes présentiel et à distance commence à s'imposer. La digitalisation de la formation est une nouvelle formule qui capte l'attention des entreprises. «Aux Etats-Unis, les premiers à intégrer la digitalisation, seules 50% des formations (en entreprise) se font en mode présentiel. Les autres 50% sont en mode combiné (présentiel et e-learning). En Europe occidentale, ils sont encore à un rapport de 75 à 25%», affirme Pascal Debordes, directeur à l'international de Cegos Group, leader mondial de la formation multimodale. Intervenu au forum e-learning organisé hier à l'hôtel Sofitel d'Alger par Emploitic, en partenariat avec Cegos et Ideo, il énumère les différents avantages constatés de la formation digitalisée qui, rappelons-le, n'est pas substitutive à la présentielle mais juste complémentaire. Offre de formation rationalisée et individualisée, parcours multimodaux, solutions de formation attractives, accélération des apprentissages, équipes internes formées aux nouvelles pratiques, rentabilité et enfin possibilité de mesure de la performance, sont, selon l'intervenant, les principaux atouts de cette formule. Mais comment choisir la formation la mieux adaptée à son entreprise ? Pascal Debordes présente une méthodologie basée sur trois marches à suivre par les DRH. D'abord analyser ce qui est stratégique pour l'entreprise et ce qu'il faut digitaliser en fonction de l'offre et du calcul du coût. Ensuite, mettre en place l' «usine de production» de la formation, en fait il s'agit d'installer le matériel nécessaire après avoir choisi les supports et formules adaptées. Et enfin, assurer l'accompagnement des formateurs et des apprenants, analyser l'efficacité des formations et tester les nouvelles modalités. Mais le e-learning est un procédé qui peut souffrir du manque d'assiduité des apprenants. Sans obligations ou motivations, ces derniers peuvent abandonner la formation en cours. Ceci a amené les créateurs des offres à réfléchir sur les meilleures façons de susciter et d'entretenir la motivation des apprenants. Oussama Esmili, directeur associé d'Ideo Maroc fait valoir les efforts consentis par son équipe pour élever le taux de complétude (de participation) dans un nouveau marché (le Maroc et l'Algérie). Il s'agit premièrement d'assurer un bon choix de partenaires pour réaliser un contenu adapté aux besoins réels en matière de formation. Deuxièmement, et point crucial, selon Oussama Esmili, l'accompagnement de l'apprenant doit se faire sous forme de tutorat en utilisant les moyens d'intervention que sont les mails et le téléphone. Et en plus d'un bonne opération de communication (troisième aspect), il est primordial de bien choisir la technologie à utiliser (plate-forme ergonomique, responsive (adaptative), applications mobiles et architecture cloud). «Il y a une dizaine d'années, lorsque nous nous sommes installés en Algérie, on avait l'impression de parler chinois lorsqu'on essayait de faire adopter nos formations e-learning. Maintenant, le marché est plus intéressé. Nous avions, il y a quelques années un taux de connexion de 6 à 20% pour les programmes non encadrés. Le taux de complétude était de 9 à 25%. Nous avons remarqué qu'avec un programme encadré, ces taux passent à 75% pour la connexion et atteint les 80% pour la complétude», assure le directeur associé d'Ideo Maroc. Intervenu en ouverture du forum, Louaï Djaffer dévoile les résultats d'une enquête réalisée auprès de 200 DRH sur le e-learning. «75% connaissent déjà ce mode de formation. 25% ont déjà suivi une formation en ligne. 18% ont des projets e-learning en cours et 22% ont un plan de formation en ligne prévu pour l'exercice 2017/2018», révèle le directeur général et fondateur d'Emploitic. «Nous nous sommes associés avec les meilleurs (Cegos et Ideo) pour dispenser des formation e-learning. La boîte est créée et nous avons déjà signé des contrats, entre autres avec la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal)», se félicite-t-il.