Certaines études affirment que ce trouble maniaco-dépressif est génétique. En plus, les spécialistes préconisent la prévention et le diagnostic précoce. Mais les personnes atteintes d'un trouble bipolaire sont-elles pour autant condamnées ? Ce qui est sûr, c'est que la cause de la maladie n'est pas clairement déterminée, car associant des facteurs de vulnérabilité génétique et d'autres environnementaux. S'agissant du traitement, il repose sur une aide psychologique adaptée au patient et des médicaments psychotropes associés parfois à des antipsychotiques. Face à ces données, les praticiens ne baissent pas les bras et valorisent les données collectées à travers des années d'expérience, à côtoyer des patients de très près. Une équipe de psychiatres tunisiens a présenté une communication sur la diversité du trouble bipolaire. Ces praticiens du service de psychiatrie de l'hôpital RAZI, dans La Manouba, ont lancé une étude «des caractéristiques cliniques de deux groupes de patients atteints de troubles bipolaires âgés respectivement de moins de 25 ans et de plus de 25 ans». Selon Docteur Jendoubi et son équipe, «l'étude, réalisée sur 80 cas au total, est toujours en cours. Toutefois, les résultats préliminaires suggèrent que le sous-groupe à début précoce est associé à un risque familial accru de troubles de l'humeur et des antécédents personnels de conduites suicidaires et d'addiction». Comprendre : les plus jeunes sont le plus en danger et les antécédents familiaux encouragent un diagnostic précoce. En conclusion, cette équipe avance que ce type d'étude offre une piste de recherche pour les études génétiques futures. Pour sa part, le docteur Réda Mankour, psychiatre libéral à Oran, a présenté une communication sur «Le premier épisode dépressif et le risque de bipolarité». Il estime que la dépression bipolaire constitue l'enjeu essentiel des troubles bipolaires, mais reste une pathologie complexe à diagnostiquer et à traiter. «Le repérage de certains facteurs de risque, voire d'indices de bipolarité, chez de jeunes patients dépressifs reste une étape cruciale pour la mise en place d'un traitement adéquat», a-t-il expliqué lors de son intervention. Le docteur Mankour a présenté l'analyse des dernières recommandations internationales, qui préconisent de limiter l'usage des antidépresseurs et favorisent les «thymorégulateurs». Il s'agit de stabilisateurs d'humeur utilisés également pour le traitement des manies, d'où leur seconde appellation : les anti-manies. Le conférencier a insisté sur la prise en compte de ces nouveaux standards internationaux et a appelé les psychiatres à penser la question, tout en faisant attention aux cas de dépression chez les plus jeunes. En somme, même si le trouble bipolaire fait encore l'objet d'études, les spécialistes insistent sur leur propre rôle dans le diagnostic de la maladie et la préconisation de traitements adéquats pour permettre aux patients de vivre mieux avec la maladie.