«Je suis heureux d'avoir décidé, fin 2014, de renouer avec la tradition établie avant la décennie noire en Algérie pour commémorer à Oran, dans ce cimetière du Petit Lac, le 11 novembre», dira Bernard Emié, ambassadeur de France en Algérie, lors d'une allocution. Il ne manquera pas, par ailleurs, de souligner «la reconnaissance éternelle» de la France aux 175 000 soldats algériens qui ont pris part à la Grande Guerre. «Je souhaite ici à Oran, devant les autorités algériennes et les anciens combattants, souligner la reconnaissance éternelle de la France aux 175 000 soldats originaires d'Algérie qui prirent part au conflit. Soldats, sous-officiers, officiers, ils combattirent aux côtés de leurs frères d'armes. 26 000 d'entre eux furent tués. Ils ont écrit une page de l'histoire de la France et de l'Algérie qui, aujourd'hui encore, nous oblige». Il ne manquera pas, non plus, d'évoquer les 76 000 travailleurs qui ont participé «à l'indispensable effort de guerre», parmi lesquels on compte «des tirailleurs, des spahis, et zouaves algériens», qui furent de tous les combats jusqu'au front d'Orient. Des combattants algériens qui, en outre, se sont illustrés également lors de la bataille de Verdun dont on commémore, cette année, le centenaire, et à qui le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants de France, Jean Marc Todeschini, a rendu hommage le 24 octobre dernier, au cimetière de Douaumont. «Leur bravoure et leur esprit de sacrifice imposent un profond respect et une reconnaissance éternelle. Par leur courage et leur abnégation sans faille, ces combattants de la liberté ont écrit une page d'histoire commune entre l'Algérie et la France, forgeant ainsi une mémoire partagée qui rassemble aujourd'hui nos deux pays». Bernard Emié a salué aussi le rôle des soldats algériens pendant la Seconde Guerre mondiale. «L'Algérie joua un rôle fondamental dans la libération de la France et de l'Europe. Les soldats algériens s'illustrèrent au cours de multiples campagnes et contribuèrent à la libération de nos territoires. Notre profonde gratitude va à cette deuxième génération du feu». Il faut noter, à ce propos, qu'une vingtaine de vétérans algériens de la Seconde Guerre mondiale étaient présents, et deux d'entre eux ont reçu, après la cérémonie de commémoration, la Légion d'honneur des mains de l'ambassadeur de France. Pour sa part, l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, Mickael Zenner, a insisté sur la nécessité, pour les jeunes générations, de bien connaître l'histoire et savoir en tirer les leçons. «Aujourd'hui, les témoins de la Première Guerre mondiale sont devenus de plus en plus rares, c'est pourquoi il est important que les jeunes générations apprennent l'histoire et en tirent des leçons. Le rapprochement des peuples et de leurs cultures est essentiel pour favoriser la paix et l'harmonie. La diplomatie, qui n'a pas réussi à endiguer les nationalismes au moment où la Première Guerre mondiale s'est déclenchée, va jouer, aujourd'hui, son rôle plus que jamais, et chercher à prévenir les conflits, et, le cas échéant, pacifier et stabiliser les régions en crise». Enfin, notons que, jeudi soir, toujours dans le cadre de cette commémoration, les ambassadeurs de France et d'Allemagne ont inauguré, à l'Institut français d'Oran, l'exposition «L'Algérie et la Grande Guerre - éclats de vie» réalisée par le lycée international Alexandre Dumas d´Alger. «Cette belle exposition vient rappeler le lourd tribut payé par les milliers de soldats venus d'Algérie, mais également leurs conditions de vie, leurs faits d'armes ainsi que l'effort économique et financier fourni par l'Algérie, avec l'apport de dizaines de milliers de travailleurs algériens», a expliqué l'ambassadeur de France, en précisant que ce travail a été réalisé au sein d'ateliers d'écriture par des élèves du lycée encadrés par une équipe pluridisciplinaire d'enseignants. «A partir de documents iconographiques authentiques et d'enquêtes personnelles, ces jeunes ont livré leurs impressions et émotions sur les lieux, les événements ainsi que sur le destin de ces dizaines de milliers d'hommes dont la vie fut bouleversée à jamais. Cette exposition est donc un véritable travail d'historiens. Elle est en effet le fruit d'une investigation précise et illustre avec justesse ces faits historiques et sociaux». L'exposition devra durer au sein de l'Institut français d'Oran pendant plus d'un mois.