«Honorons ceux qui se sont sacrifiés pour nous», a plaidé Bernard Emié à partir du cimetière du Petit Lac. La France et l'Allemagne, par le biais de leurs représentations diplomatiques à Alger, ont célébré hier à Oran le 98e anniversaire de l'armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale de 1914-1918. Dans le tas, une gerbe de fleurs a été déposée au monument du cimetière de Petit Lac, suivie d'une minute de silence et l'hymne dédié aux morts de la guerre, exécuté par la fanfare de la Garde républicaine algérienne. En présence d'une foule composée d'autorités locales (wali et maire d'Oran), des cadres des ambassades de France et d'Allemagne, de quelques anciens combattants et des familles de ceux (anciens combattants) décédés, l'ambassadeur de Françe à Alger, Bernard Emié, s'est lancé dans son speech qu'il a axé essentiellement sur la Première Guerre mondiale et ses séquelles. De prime abord, il a indiqué que «je suis heureux d'avoir décidé, fin 2014, de renouer avec la tradition établie avant la décennie noire en Algérie, pour commémorer à Oran, à ce cimetière du Petit Lac, le 11 novembre. Les séquelles de la Première Guerre mondiale semblent l'avoir affecté personnellement, tout comme les peuples ayant subi les atrocités nazies. Il dira en ce sens: «Nous nous souvenons ensemble des souffrances de cette Première Guerre mondiale». «Souvenons-nous», a-t-il souligné, ajoutant que «le 11 novembre 1916, il y a cent ans, la France, l'Allemagne, l'Europe et une partie du monde étaient engagés depuis plus de deux années dans une guerre d'une ampleur et d'une intensité inconnues jusqu'alors». Au passage, il a énuméré les victimes de cette première guerre ayant engagé plus de 60 millions de soldats, 10 millions périrent et 20 millions blessés. «Ces victimes vont laisser derrière elles un terrible cortège de trois millions de veuves et de six millions d'orphelins», a-t-il rappelé, avant de souligner qu'«au-delà des saignées démographiques profondes et des dévastations considérables, dans les villes comme dans les campagnes». Pour Bernard Emié, «c'est l'ensemble de l'équilibre mondial qui en est sorti bouleversé, au détriment d'une Europe lourdement marquée et promise à de nouveaux tourments». L'ambassadeur n'a pas omis non plus de rappeler la bataille de Verdun de 1916 ayant marqué la France en s'engageant dans deux batailles d'envergure qui marqueront à jamais ses paysages, sa population, son histoire aussi. «A Verdun, symbole en soi de la sauvagerie de cette guerre, où les pertes françaises et allemandes s'élèveront à 700.000. Dans la Somme, où un million de combattants perdirent la vie», a-t-il dit avant de s'exclamer: «Mesurons l'ampleur de ces chiffres.» Là encore, l'ambassadeur n'a pas tardé à rendre un vibrant hommage aux morts de cette guerre tout en appelant à immortaliser leurs mémoires. «Honorons ceux qui se sont sacrifiés pour nous», a-t-il plaidé à partir du cimetière du Petit Lac. Dans une telle déclaration, l'ambassadeur de France en Algérie a encore une fois rendu hommage aux anciens combattants ayant défendu la France. «J'ai une pensée reconnaissante, émue, forte, pour tous les anciens combattants de cette grande guerre, venus de tous les continents, d'Europe, d'Afrique, d'Asie, d'Océanie, d'Amérique, et précipités dans une tragédie mondiale», a-t-il affirmé, expliquant que «nous les appelons les anciens combattants». «Inclinons-nous devant leur sacrifice et devant leur mémoire», a-t-il appelé, réitérant encore une fois la reconnaissance de la France aux anciens combattants. «Je souhaite ici à Oran, devant les autorités algériennes et les anciens combattants, souligner la reconnaissance éternelle de la France aux 175.000 soldats originaires d'Algérie qui prirent part à ce conflit», a-t-il rappelé, ajoutant que «soldats, sous-officiers, officiers, combattirent aux côtés de leurs frères d'armes. 26.000 d'entre eux furent tués». Dans le tas, Bernard Emié cite les «tirailleurs, spahis, zouaves algériens, ils furent de tous les combats jusqu'au front d'Orient. Ces combattants venus d'Algérie s'illustrèrent également lors de la bataille de Verdun». Pour sa part, l'ambassadeur d'Allemagne à Alger, Michael Zenner, est, en discourant, allé presque dans le même sens de son prédécesseur en rendant hommage à tous les morts de la bataille de Verdun. «A Verdun, sont morts des Français, des Allemands mais aussi des Algériens», a-t-il affirmé avant de tourner la page pour concentrer son speech sur la réconciliation franco-allemande. «La réconciliation franco-allemande a poussé la construction de l'Europe unie.» Le cimetière du Petit Lac compte 6000 tombes de soldats enterrés, en quatre carrés, à partir de 1901. Le premier est composé de 260 tombes de tirailleurs musulmans du 1er Régiment des tirailleurs algériens. Dans le deuxième carré ont été enterrés en 1927 les tirailleurs algériens du 7e régiment des tirailleurs. Le 3e carré remonte à la deuxième Guerre mondiale tandis que le quatrième est le carré réservé aux morts israélites dont le nombre est de 61. La Légion d'honneur à deux anciens combattants d'Oran C'est en présence des ambassadeurs de France et d'Allemagne ainsi que les autorités locales et de plusieurs anciens combattants de la région ouest ainsi que leurs familles que le consulat de France à Oran a, sans juger utile d'inviter les journalistes, domicilié la cérémonie de décoration de deux anciens combattants d'Oran en leur décernant l'Ordre de la Légion d'honneur de l'Etat français.