L'université M'hamed Bougara a abrité du 7 au 8 de ce mois le 6e séminaire national sur les matériaux, procédés et environnement. Organisé conjointement par la faculté des sciences de l'ingénieur et le club scientifique Espace du savoir, cet événement a été surtout l'occasion de rassembler des universitaires et des industriels. Selon Irekti Amar, docteur à l'UMBB et membre de l'association, «ce séminaire a un impact direct sur l'économie algérienne. Il est question d'élargir la mesure du ministère de l'Enseignement supérieur, la mue de la formation post-graduée vers l'entreprise en instituant le doctorat industriel». En un mot, on préconise de sortir des conventions «vides de sens» entre universités et entreprises pour se diriger vers des contrats chercheurs-industriels. Mais pour atteindre cet objectif, le chemin est long. M. Daoudi, P-DG du Centre d'étude et de services technologiques (Cetim) et premier responsable au Groupement industriel du ciment (GICA), l'a révélé tout haut. «Nous faisons des conventions pour faire des conventions». Il a déploré le manque de suivi des encadreurs universitaires, qui livrent les doctorants à eux-mêmes. M. Taïri, vice-recteur de l'UMBB lui a répliqué que des industriels rechignaient à se déplacer à l'université. Les deux intervenants ont fini par convenir qu'il y a lieu de revoir le contenu des conventions. Mais les concernés, au premier chef les chercheurs, vont plus loin. Ils parlent de la nécessité de définir les relations entre eux et les industriels qui «profitent» de leurs travaux sous forme de contrats en bonne et due forme. Preuve à l'appui, des chercheurs ont rapporté des exemples d'entreprises qui les ont escroqués, alors que sous d'autres cieux cela aurait rapporté gros aux chercheurs. Ainsi, le rôle des chercheurs dans l'amélioration de la production nationale n'est plus à démontrer. D'ailleurs, M. Iratki relève que 9 conventions sur 11 ont abouti à des applications effectives sur des industries. Selon les intervenants, on pourrait mieux faire si, par exemple, on venait à concrétiser l'option de faire bénéficier le chercheur d'une pension versée par l'entreprise qui profitera directement de sa recherche. Mais d'abord, le ministère de l'Enseignement supérieur doit dresser une carte de la recherche en fonction des besoins industriels de la région où l'université se trouve implantée. Les thèmes proposés aux doctorants, à ce moment-là, découleront de cette carte. Ce qui n'est pas le cas présentement. A Boumerdès, on a refusé à des ingénieurs en procurement (branche de l'économie pétrolière spécialisée dans le commerce et les marchés), de s'inscrire au concours de doctorat d'économie sous un prétexte fallacieux, et ce, soit par ignorance, soit par bureaucratie. Les chercheurs pensent que c'est à la tutelle de dresser la carte nationale de la recherche et non pas aux universités ni aux départements. Néanmoins, le séminaire a abordé des sujets et des exemples intéressants susceptibles d'être des startups. Le cas des recherches dans un matériau comme le ciment très demandé dans le bâtiment est illustratif. M. Daoudi, PDG à la GICA, a exposé les grandes lignes de la production à l'orée 2020. Ainsi, 20 millions de tonnes/an de ciment seront produits d'ici 2017 avec l'entrée en production de la cimenterie de Ain El Kébira et celle de Béchar ainsi que les extensions de la cimenterie de Cheliff et Meftah avec leur modernisation. Cette entreprise compte investir dans la recherche par la mise en place d'un pole technologique avec pour mission l'optimisation, l'appui, les études et les recherches avec prise en charge de l'impact sur l'environnement.