Décidément l'Université algérienne peine à séduire le secteur industriel algérien pour un mariage de raison et d'intérêts. Et pourtant, il existe des milliers d'inventions et d'innovations, dans tous les domaines, qui moisissent dans les tiroirs des bureaux des laboratoires des universités algériennes. C'est encore un autre constat qui pourrait être dressé en écoutant le bref entretien que nous a accordé Amar Irekti, président du Comité d'organisation du second colloque international sur les matériaux et le développement durable qu'a organisé les 9 et 10 novembre l'université M'hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB). «Nous aurions souhaité avoir plus d'entreprises participantes à de telles rencontres, mais cette passerelle entre l'université et les entreprises reste toujours difficile. Nous n'avons pas encore trouvé la formule magique pour rendre l'université utile pour l'industrie et l'industrie utile pour l'université», dira, quelque peu amer, notre interlocuteur. Ce qui est valable pour l'UMBB l'est aussi pour d'autres universités algériennes. Nous revenons à la charge avec une question concernant l'enrichissement de la recherche scientifique avec de telles rencontres qui, a priori, rencontrent du succès, mais surtout, si les résultats de ces recherches impactent le développement industriel dans le pays. Irekti dira : «Il y aura certainement des résultats qui vont être publiés dans des revues scientifiques internationales. C'est une manière de valoriser la recherche en Algérie. S'agissant de l'industrie, il n'y a pas de répondant de ce côté. C'est malheureusement un problème récurrent. Je pense qu'il y a un manque de confiance. Un industriel algérien préfère faire appel à un laboratoire étranger qu'il payera au prix fort pour lui résoudre un problème au lieu de rechercher des solutions juste à côté avec des techniciens algériens. Et ces chercheurs algériens vont à l'étranger pour valider leurs recherches ou pour collaborer avec des laboratoires. Il y a incontestablement un manque de confiance des deux côtés. Et tout le monde sait par ailleurs que l'université ne va pas toujours vers l'industrie.» Il estime, en outre, que l'ouverture du marché national instaurera la concurrence. Celle-ci se jouera sur la qualité ; c'est à ce moment que l'industrie demandera l'aide de l'université. Pour revenir à ce colloque dans sa seconde édition, important il faut le souligner, il est divisé en trois thématiques spécifiques à l'université de Boumerdès. Il s'agit des matériaux de construction, des matériaux composites et polymères et des matériaux pour le développement durable. Durant ces deux jours, 200 chercheurs ont fait des communications Devant le succès rencontré lors de la première édition organisée en 2013, nous avons reçu plus de 1 000 demandes d'interventions. Pour des raisons évidentes, nous n'avons inscrit que 200 intervenants», explique le président de ce conclave. La majorité des intervenants sont algériens et viennent de toutes les Facultés du pays. Il y a également des Maghrébins, des Africains et des Européens. Les universités qui ont envoyé leurs chercheurs sont signataires de conventions de coopération et de partenariat avec l'UMBB. Elles sont, par ailleurs, parties prenantes dans l'organisation de ce conclave.