« Les foyers pour enfants assistés : état des lieux et perspectives », est l'intitulé d'une étude effectuée au sein des foyers pour enfance assistée (FEA) des wilayas d'Oran, Annaba et El Tarf, par Mme Bedra Mimouni, chercheur à la facultés des sciences sociales, pour le compte du ministère de l'Emploi et de la solidarité nationale. Le choix de ces structures comme terrain d'étude s'explique, selon Mme Mimouni, par le fait que « ces wilayas sont aux extrémités Est et Ouest de l'Algérie, elles ont d'ancestrales traditions de prise en charge des enfants assistés. Il s'agit de wilayas où les enfants sans familles sont connus de l'entourage social, ce qui devrait faciliter leur intégration sociale et professionnelle. » Le rapport préliminaire a mis l'accent sur les problèmes que vivent les FEA, notamment en ce qui concerne les difficultés de prise en charge et leurs niveaux de difficultés. A titre de rappel, l'étude a été lancée au mois de juillet dernier dans la perspective de l'élaboration d'une stratégie soutenue par une dynamique de désinstitutionalisation progressive de la prise en charge des enfants sans protection parentale et le renforcement du lien avec leur milieu familial, qu'il soit biologique ou de kafala. Pour ce qui est des établissements de la wilaya d'Oran, le diagnostique établi fait état que le FEA/garçons compte 91 pensionnaires, dont 13 handicapés, 31 d'entre eux sont âgés entre 6 et 19 ans. Le reste des pensionnaires, soit 60, sont âgés entre 20 et 41 ans, 26 sont handicapés. Cette structure, censée accueillir une population dont l'âge se situe entre 6 et19 ans, est occupée à hauteur de 66% par des adultes. Le FEA/filles (Misserghine), révèle les mêmes constatations. Les pensionnaires de moins de 20 ans ne sont que 16, alors que le nombre des adultes, soit 75% de l'effectif total, s'élève à 47. Parmi les adultes, il n'y a que 15 valides. Les autres pensionnaires, au nombre de 32, présentent de graves handicaps mentales et moteurs. Enfants privés de famille Il est à noter que ces deux FEA n'accueillent pas que des enfants privés de famille. Les juridictions des mineurs y placent souvent des enfants sous la garde judiciaire. A ce propos, Mme Mimouni nous a révélé que « Les gardés judiciaires sont souvent des enfants ou des adolescents en danger moral, issus de familles en difficulté. Envoyer aussi loin des enfants, c'est la meilleure manière de les couper, pour une longue période, pour ne pas dire définitivement, de leur famille. Parfois, un surnombre au niveau du FEA de Misserghine entraîne le transfert de ces enfants vers d'autres wilayas. Il faut imaginer combien il est difficile pour des familles ayant de grosses difficultés, de se déplacer sur des centaines de kilomètres pour aller voir leurs enfants. Cela ne risque-t-il pas d'amener les parents à l'abandon ? » Les FEA reçoivent de moins en moins d'enfants venant des pouponnières, en dehors des handicapés et des gardés judiciaires. Les enfants nés hors mariage et abandonnés à la naissance par leur mère biologique, sont placés en kafala. Pour la pouponnière d'Oran, la presque totalité des enfants admis en 2005, soit 98%, ont été placés dans des familles dans le cadre de la kafala. Le reste (2%) des enfants, qui n'ont pu être placés dans des familles, ont été rangés dans la catégorie « dépôt », dans l'attente de la décision de la mère biologique ; reprendra-t-elle ou non son enfant à l'issue du délai de réflexion qu'elle s'est accordée. En conclusion à ce rapport préliminaire, Mme Mimouni a noté que « la prise en charge des enfants nécessite tout un ensemble de conditions matérielles et humaines : c'est un tout qui nécessite d'être pris comme tel et réorganisé en totalité et non par petites touches qui s'estompent dés que ces menus changements perdent l'avantage de la nouveauté. » Aussi, envisage-t-elle dans le rapport final, de formuler des propositions à trois niveaux : amélioration de la gestion des FEA, formation des personnels éducatifs et désinstitutionalisation.